x moineaux francs ebouriffes de bien-etre dans un
rayon de soleil, se grisent sans amertume de la gaiete triomphante des
choses. J'ai beau remonter aux heures de ma jeunesse les plus insolentes
d'espoir, j'y trouve une tristesse involontaire et fatale devant les
gloires de l'ete. Mes yeux se sont toujours blesses a l'azur froid
d'un ciel implacablement pur et, comme la neige, sans cesse traverse
d'etincelles. Il n'est pas jusqu'a l'eblouissement des jardins que
les fleurs font pareils a d'immenses et vivantes joailleries qui ne
m'offense par sa richesse. J'ai bien les grands bois ou l'ombre amortit
toutes ces splendeurs, les bois dont le mystere reve au bruit murmurant
des sources. Mais cette vigueur excessive et debordante des seves, ce
rut innombrable des verdures jaillissantes en tous sens m'irrite encore
secretement. Non! Tout ce decor-la est trop beau pour la vie humaine!
La piece ne vaut pas ce luxe et cette magnificence d'accessoires! Nous
sommes comme des acteurs impuissants dans cette admirable feerie, comme
des genies aux ailes coupees et qui ne portent plus que des etoiles
eteintes au front! La nature n'a plus besoin de se faire si belle
pour nos amours degenerees, pour nos passions sans colere! La grande
resignation des automnes vaut mieux au declin de nos reves, a
l'attiedissement de notre sang. Oui, l'ete, dans son eclat sans merci me
navre. Il dresse un temple vide, inutile et comme funeraire aux dieux
depuis longtemps envoles. Il nous apporte l'ironie d'un Eden entr'ouvert
seulement et nous emplit d'aspirations decevantes. Adorer, dans un
retrait silencieux, et sous la transparente douceur d'une nuit factice,
la beaute nue de la femme, seul lambeau d'ideal pendue devant nos
detresses, me semble le seul emploi logique et consolant de ces longues,
admirables et funebres journees brulees par un desolant soleil!
* * * * *
Fou de printemps, ton coeur s'etonne
De me voir, prophete attriste,
Penser quelquefois a l'automne,
Sous les premiers feux de l'ete.
Oui, je pense, en voyant les roses
Ouvrir leurs vivantes couleurs,
Que l'aile des autans moroses
Effeuillera toutes les fleurs.
Que, des feuillages ou tout chante,
Tous les oiseaux seront bannis,
Et que, sous l'averse mechante,
Se briseront les pauvres nids?
Va! que l'autan ouvre son aile!
Que l'averse attriste les cieux!
De l'An la jeunesse eternelle
Reste sur ton front gracieux.
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