e avait mele leurs esprits pour les emporter au ciel!
Au printemps qui suivit, sur la plage ou etaient retombees quelques
terres de l'ile dispersee, une fleur nouvelle fleurit, semblant un
bouquet de feu qui monta vers la nue comme celui des volcans. C'etait le
mimosa ou respire encore l'ame douce et fidele de ces amants fortunes!
* * * * *
Et pour finir moins tristement, ma chere, que par cette sombre legende:
Vous connaissez la fleur legere
Bordant le flot bleu qui s'endort?
On dirait que, sur la fougere,
Le soleil tombe en neige d'or.
Comme un panache de fumee
Que le couchant teint de safran,
Comme une poussiere embaumee
Que pousse la brise en errant,
Elle monte dans l'air humide
Ou le flot roule un souffle amer,
Et mele son parfum timide
Aux acres senteurs de la mer.
Elle flotte parmi l'espace
Ou l'oranger tend ses bras lourds;
L'aile du papillon qui passe
Y met un fragile velours.
Mimosa! presque un nom de fee!
Quelque naiade, assurement,
S'en etant autrefois coiffee,
Parut plus belle a son amant.
J'aime cette fleur parfumee
Au souffle furtif et coquet,
Pour ce qu'une main bien aimee
Un jour en portait un bouquet.
[Illustration]
[Illustration]
LE BUIS
Le premier vrai dimanche de printemps dans un village de banlieue! Vous
devinez si c'etait un remue-menage. A chaque train c'etait un flot
nouveau de voyageurs bruyants se dispersant sur les chemins, par
groupes, s'appelant ou se disant adieu. Paris a une population speciale
d'emigrants hebdomadaires suburbains qui ne rappelle que de fort loin
les hautes traditions de la noblesse francaise, brave petit monde
assurement, mais d'une societe plus provinciale que la province
elle-meme. Quel bavardage insipide monte de ce microcosme! Le
bourdonnement des mouches est, a cote, fort interessant. Mais quelle
providence pour les debitants indigenes qui ne vivent guere que de
l'empoisonner une fois par semaine! Il faut voir les gate-sauces se ruer
en cuisine dans les arriere-boutiques et les garcons des estaminets
secouer les chaises du vent emporte par leurs tabliers blancs. Les
notables du pays en promenade aussi, avec leurs chiens, ou simplement
assis devant leurs portes, regardent avec une joie debonnaire
cet element de prosperite se repandre autour de leurs lares. Ils
applaudissent au progres contemporain, au sage gout de ce peuple pour
les plaisirs
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