surappelait le chaste dans toute la
province, quelle injustice on nous fait a tous deux!
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L'impunite dont ont joui jusqu'ici les jeunes gens qui achevent
volontiers une nuit de plaisir en coupant la gorge a la femme qui la
leur a procuree porte ses fruits. Les femmes galantes que Vacquerie,
longtemps avant l'invention des _horizontales_ et des _agenouillees_,
appelait galamment des _universelles_ et le pauvre Philoxene Boyer des
_conciliantes_ (avouez que le mot etait joli et bien trouve) vivent
maintenant sous un veritable couteau de Damocles. Leur sommeil coupable
est peuple de cauchemars sanglants. La vertu profitera, je l'espere,
de celle terreur, et le degout viendra a beaucoup de ces dames d'une
carriere qui n'avait eu jusqu'ici que des fleurs. C'est un bien pour
un mal. Seulement, je trouve que les messieurs qui ont entrepris
cette morale en action vont un peu loin. Ils ne se contentent plus de
decapiter leur bonne amie d'une nuit, pour emporter le chapelet de ses
salaires honteux; ils massacrent en meme temps ses domestiques et les
enfants de ceux-ci. Si on les laisse faire, il extermineront, par la
meme occasion, toute la maison. Car, soyez certains que si, au devant de
l'homme que la police cherche partout ou il n'est pas, avec le flair de
ses fins limiers, le concierge de la maison ou s'est commis le crime et
toute sa famille, ou quelque imprudent locataire s'etait presente au
moment de sa fuite, il n'eut pas hesite davantage a leur trancher
le chef. J'en conclus que les immeubles ou ces dames loueront des
appartements deviendront dangereux a leurs voisins. Il y a la une
question de risques locatifs, au moins aussi considerable que pour
l'incendie et qui donnera a reflechir aux gens prudents. Nos aieux
etaient plus sages qui ne laissaient pas "divaguer", comme disent les
maires de village en parlant, dans leurs affiches, des chiens errants,
les personnes faisant le metier de ramener chez elles les voyageurs, les
rufians et les rodeurs de nuit, mais leur prescrivaient de vivre entre
elles et comme cloitrees dans de profanes couvents ou habitait la
felicite antique. _Hic habitat felicitas_. La mode de ces maisons de
retraite se perd de plus en plus, et c'est grand dommage pour la dignite
des rues et des boulevards, et j'ajouterai pour le plaisir des gens
raisonnables. Car il eut suffi d'un peu d'imagination et de luxe
oriental pour en faire la realisation du Paradis de
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