t interrompue par
des stations prudentes, ils atteignirent ces grottes profondes
dans lesquelles le prevoyant eveque de Vannes avait eu soin de
faire rouler sur des cylindres une bonne barque capable de tenir
la mer dans cette belle saison.
-- Mon bon ami, dit Porthos apres avoir respire bruyamment, nous
sommes arrives, a ce qu'il me parait; mais je crois que vous
m'avez parle de trois hommes, de trois serviteurs qui devaient
nous accompagner. Je ne les vois pas; ou sont-ils donc?
-- Pourquoi les verriez-vous, cher Porthos? repondit Aramis. Ils
nous attendent certainement dans la caverne, et sans nul doute,
ils se reposent un moment apres avoir accompli ce rude et
difficile travail.
Aramis arreta Porthos, qui se preparait a entrer dans le
souterrain.
-- Voulez-vous, mon bon ami, dit-il au geant, me permettre de
passer le premier? Je connais le signal que j'ai donne a nos
hommes, et nos gens, ne l'entendant pas, seraient dans le cas de
faire feu sur vous ou de vous lancer leur couteau dans l'ombre.
-- Allez, cher Aramis, allez le premier, vous etes tout sagesse et
tout prudence, allez. Aussi bien, voila cette fatigue dont je vous
ai parle qui me reprend encore une fois.
Aramis laissa Porthos s'asseoir a l'entree de la grotte, et,
courbant la tete, il penetra dans l'interieur de la caverne en
imitant le cri de la chouette.
Un petit roucoulement plaintif, un cri a peine distinct, repondit
dans la profondeur du souterrain.
Aramis continua sa marche prudente, et bientot il fut arrete par
le meme cri qu'il avait le premier fait entendre, et ce cri etait
lance a dix pas de lui.
-- Etes-vous la, Yves? fit l'eveque.
-- Oui, monseigneur. Goennec est la aussi. Son fils nous
accompagne.
-- Bien. Toutes choses sont-elles pretes?
-- Oui, monseigneur.
-- Allez un peu a l'entree des grottes, mon bon Yves, et vous y
trouverez le seigneur de Pierrefonds, qui se repose, fatigue qu'il
est de sa course. Et si, par hasard, il ne peut pas marcher,
enlevez-le et l'apportez ici pres de moi.
Les trois Bretons obeirent. Mais la recommandation d'Aramis a ses
serviteurs etait inutile. Porthos, rafraichi, avait deja lui-meme
commence la descente, et son pas pesant resonnait au milieu des
cavites formees et soutenues par les colonnes de silex et de
granit.
Des que le seigneur de Bracieux eut rejoint l'eveque, les Bretons
allumerent une lanterne dont ils s'etaient munis, et Porthos
assura son ami qu'il se sentait
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