assaut, avait vu le passage de la seconde chambre, et qui, anime
par l'odeur de la poudre, voulait guider ses soldats de ce cote.
La troupe se precipita effectivement a gauche; le couloir allait
se retrecissant; Biscarrat, les mains etendues, devoue a la mort,
marchait en avant des mousquets.
-- Venez! venez! cria-t-il, je vois du jour!
-- Frappez, Porthos! cria la voix sepulcrale d'Aramis.
Porthos poussa un soupir, mais il obeit.
La barre de fer tomba d'aplomb sur la tete de Biscarrat, qui fut
tue sans avoir acheve son cri. Puis le levier formidable se leva
et s'abaissa dix fois en dix secondes et fit dix cadavres.
Les soldats ne voyaient rien; ils entendaient des cris, des
soupirs; ils foulaient des corps, mais n'avaient pas encore
compris, et montaient en trebuchant les uns sur les autres.
L'implacable barre, tombant toujours, aneantit le premier peloton
sans qu'un seul bruit eut averti le deuxieme, qui s'avancait
tranquillement.
Seulement, ce second peloton, commande par le capitaine, avait
brise un maigre sapin qui poussait sur la falaise, et de ses
branches resineuses, tordues ensemble, le capitaine s'etait fait
un flambeau.
En arrivant a ce compartiment ou Porthos, pareil a l'ange
exterminateur, avait detruit tout ce qu'il avait touche, le
premier rang recula d'epouvante. Nulle fusillade n'avait repondu a
la fusillade des gardes, et cependant on heurtait un monceau de
cadavres, on marchait litteralement dans le sang.
Porthos etait toujours derriere son pilier.
Le capitaine, en eclairant, avec la lumiere tremblante du sapin
enflamme, cet effroyable carnage dont il cherchait vainement la
cause, recula jusqu'au pilier derriere lequel etait cache Porthos.
Alors une main gigantesque sortit de l'ombre, se colla a la gorge
du capitaine, qui poussa un sourd ralement; ses bras s'etendirent
battant l'air, la torche tomba et s'eteignit dans le sang.
Une seconde apres, le corps du capitaine tombait pres de la torche
eteinte, et ajoutait un cadavre de plus au monceau de cadavres qui
barrait le chemin.
Tout cela s'etait fait mysterieusement comme une chose magique. Au
ralement du capitaine, les hommes qui l'accompagnaient s'etaient
retournes; ils avaient vu ses bras ouverts, ses yeux sortant de
leur orbite; puis, la torche tombee, ils etaient restes dans
l'obscurite.
Par un mouvement irreflechi, instinctif, machinal, le lieutenant
cria:
-- Feu!
Aussitot une volee de coups de mousquet cr
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