epita, tonna, hurla dans
la caverne en arrachant d'enormes morceaux aux voutes.
La caverne s'eclaira un instant a cette fusillade, puis rentra
immediatement dans une obscurite rendue plus profonde encore par
la fumee.
Il se fit alors un grand silence, trouble seulement par les pas de
la troisieme brigade, qui entrait dans le souterrain.
Chapitre CCLVI -- La mort d'un titan
Au moment ou Porthos, plus habitue a l'obscurite que tous ces
hommes venant du jour, regardait autour de lui pour voir si, dans
cette nuit, Aramis ne lui ferait pas quelque signal, il se sentit
doucement toucher le bras, et une voix faible comme un souffle
murmura tout bas a son oreille:
-- Venez.
-- Oh! fit Porthos.
-- Chut! dit Aramis encore plus bas.
Et, au milieu du bruit de la troisieme brigade qui continuait
d'avancer, au milieu des imprecations des gardes restes debout,
des moribonds ralant leur dernier soupir, Aramis et Porthos
glisserent inapercus le long des murailles granitiques de la
caverne.
Aramis conduisit Porthos dans l'avant-dernier compartiment, et lui
montra, dans un enfoncement de la muraille, un baril de poudre
pesant soixante a quatre-vingts livres, auquel il venait
d'attacher une meche.
-- Ami, dit-il a Porthos, vous allez prendre ce baril, dont je
vais, moi allumer la meche, et vous le jetterez au milieu de nos
ennemis: le pouvez vous?
-- Parbleu! repliqua Porthos.
Et il souleva le petit tonneau d'une seule main.
-- Allumez.
-- Attendez, dit Aramis, qu'ils soient bien tous masses, et puis,
mon Jupiter, lancez votre foudre au milieu d'eux.
-- Allumez, repeta Porthos.
-- Moi, continua Aramis, je vais joindre nos Bretons et les aider
a mettre le canot a la mer. Je vous attendrai au rivage; lancez
ferme et accourez a nous.
-- Allumez, dit une derniere fois Porthos.
-- Vous avez compris? dit Aramis.
-- Parbleu! dit encore Porthos, en riant d'un rire qu'il
n'essayait pas meme d'eteindre; quand on m'explique, je comprends;
allez, et donnez-moi le feu.
Aramis donna l'amadou brulant a Porthos, qui lui tendit son bras a
serrer a defaut de la main.
Aramis serra de ses deux mains le bras de Porthos et se replia
jusqu'a l'issue de la caverne, ou les trois rameurs attendaient.
Porthos, demeure seul, approcha bravement l'amadou de la meche.
L'amadou, faible etincelle, principe premier d'un immense
incendie, brilla dans l'obscurite comme une luciole volante, puis
vint se souder a la
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