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des finances de Votre Majeste, Mme Fouquet n'a plus de pain!
Ici, le silence mortel qui enchainait le souffle des deux amis de
Pelisson fut rompu par l'eclat des sanglots, et d'Artagnan dont la
poitrine se brisait en ecoutant cette humble priere, tourna sur
lui-meme, vers l'angle du cabinet, pour mordre en liberte sa
moustache et comprimer ses soupirs.
Le roi avait conserve son oeil sec, son visage severe: mais la
rougeur etait montee a ses joues, et l'assurance de ses regards
diminuait visiblement.
-- Que souhaitez-vous? dit-il d'une voix emue.
-- Nous venons demander humblement a Votre Majeste, repliqua
Pelisson, que l'emotion gagnait peu a peu, de nous permettre, sans
encourir sa disgrace, de preter a Mme Fouquet deux mille pistoles,
recueillies parmi tous les anciens amis de son mari, pour que la
veuve ne manque pas des choses les plus necessaires a la vie.
A ce mot de _veuve_, prononce par Pelisson, quand Fouquet vivait
encore, le roi palit extremement; sa fierte tomba; la pitie lui
vint du coeur aux levres. Il laissa tomber un regard attendri sur
tous ces gens qui sanglotaient a ses pieds.
-- A Dieu ne plaise, repondit-il, que je confonde l'innocent avec
le coupable! Ceux-la me connaissent mal qui doutent de ma
misericorde envers les faibles. Je ne frapperai jamais que les
arrogants. Faites, messieurs, faites tout ce que votre coeur vous
conseillera pour soulager la douleur de Mme Fouquet. Allez,
messieurs, allez.
Les trois hommes se releverent silencieux, l'oeil aride. Les
larmes s'etaient taries au contact brulant de leurs joues et de
leurs paupieres. Ils n'eurent pas la force d'adresser un
remerciement au roi, lequel, d'ailleurs, coupa court a leurs
reverences solennelles en se retranchant vivement derriere son
fauteuil.
D'Artagnan demeura seul avec le roi.
-- Bien! dit-il en s'approchant du jeune prince, qui
l'interrogeait du regard; bien, mon maitre! Si vous n'aviez pas la
devise qui pare votre soleil, je vous en conseillerais une, quitte
a la faire traduire en latin par M. Conrart: "Doux au petit, rude
au fort!"
Le roi sourit et passa dans la salle voisine, apres avoir dit a
d'Artagnan:
-- Je vous donne le conge dont vous devez avoir besoin pour mettre
en ordre les affaires de feu M. du Vallon, votre ami.
Chapitre CCLXI -- Le testament de Porthos
A Pierrefonds, tout etait en deuil. Les cours etaient desertes,
les ecuries fermees, les parterres negliges.
Dans les b
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