oute la troupe.
-- Monsieur, dit le capitaine s'adressant a Biscarrat, on m'assure
que vous savez quels sont les hommes qui sont dans cette grotte et
qui font cette defense desesperee. Au nom du roi, je vous somme de
declarer ce que vous savez.
-- Mon capitaine, dit Biscarrat, vous n'avez plus besoin de me
sommer, ma parole m'a ete rendue a l'instant meme, et je viens au
nom de ces hommes.
-- Me dire qu'ils se rendent?
-- Vous dire qu'ils sont decides a se defendre jusqu'a la mort, si
on ne leur accorde pas bonne composition.
-- Combien sont-ils donc?
-- Ils sont deux, dit Biscarrat.
-- Ils sont deux, et veulent nous imposer des conditions?
-- Ils sont deux, et nous ont deja tue dix hommes, dit Biscarrat.
-- Quels gens est-ce donc? des geants?
-- Mieux que cela. Vous rappelez-vous l'histoire du bastion Saint-
Gervais, mon capitaine?
-- Oui, ou quatre mousquetaires du roi ont tenu contre toute une
armee?
-- Eh bien! ces deux hommes etaient de ces mousquetaires.
-- Vous les appelez?...
-- A cette epoque, on les appelait Porthos et Aramis. Aujourd'hui,
on les appelle M. d'Herblay et M. du Vallon.
-- Et quel interet ont-ils dans tout ceci?
-- Ce sont eux qui tenaient Belle-Ile pour M. Fouquet.
Un murmure courut parmi les soldats a ces deux mots. "Porthos et
Aramis."
-- Les mousquetaires! les mousquetaires! repetaient-ils.
Et, chez tous ces braves jeunes gens, l'idee qu'ils allaient avoir
a lutter contre deux des plus vieilles gloires de l'armee faisait
courir un frisson, moitie d'enthousiasme, moitie de terreur.
C'est qu'en effet ces quatre noms, d'Artagnan, Athos, Porthos et
Aramis, etaient veneres par tout ce qui portait une epee, comme
dans l'Antiquite etaient veneres les noms d'Hercule, de Thesee, de
Castor et de Pollux.
-- Deux hommes! s'ecria le capitaine, et ils nous ont tue dix
officiers en deux decharges. C'est impossible, monsieur Biscarrat.
-- Eh! mon capitaine, repondit celui-ci, je ne vous dis point
qu'ils n'ont pas avec eux deux ou trois hommes comme les
mousquetaires du bastion Saint-Gervais avaient avec eux trois ou
quatre domestiques; mais croyez-moi, capitaine, j'ai vu ces gens-
la, j'ai ete pris par eux, je les connais; ils suffiraient a eux
seuls pour detruire tout un corps d'armee.
-- C'est ce que nous allons voir, dit le capitaine, et cela dans
un moment. Attention, messieurs!
Sur cette reponse, personne ne bougea plus, et chacun s'appreta a
obe
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