uvaise position, monsieur! je vous en avertis.
-- Mais, monsieur, si je vous gene, dit timidement et presque
craintivement l'officier, c'est mon service qui...
-- Monsieur vous avez eu le malheur, vous ou ceux qui vous
envoient, de me faire une insulte. Elle est faite. Je ne peux m'en
prendre a ceux qui vous cautionnent; ils me sont inconnus, ou sont
trop loin. Mais vous vous trouvez sous ma main, et je jure Dieu
que, si vous faites un pas derriere moi, quand je vais lever le
pied pour monter aupres de ces messieurs... je jure mon nom que je
vous fends la tete d'un coup d'epee, et que je vous jette a l'eau.
Oh! il arrivera ce qu'il arrivera. Je ne me suis jamais mis que
six fois en colere dans ma vie, monsieur, et les cinq fois qui ont
precede celle-ci, j'ai tue mon homme.
L'officier ne bougea pas; il palit sous cette terrible menace, et
repondit avec simplicite:
-- Monsieur, vous avez tort d'aller contre ma consigne.
Porthos et Aramis, muets et frissonnants en haut du parapet,
crierent au mousquetaire:
-- Cher d'Artagnan, prenez garde!
D'Artagnan les fit taire du geste, leva son pied avec un calme
effrayant pour gravir une marche, et se retourna l'epee a la main,
pour voir si l'officier le suivrait.
L'officier fit un signe de croix et marcha.
Porthos et Aramis, qui connaissaient leur d'Artagnan, pousserent
un cri et se precipiterent pour arreter le coup qu'ils croyaient
deja entendre.
Mais d'Artagnan, passant l'epee dans la main gauche:
-- Monsieur, dit-il a l'officier d'une voix emue, vous etes un
brave homme. Vous devez mieux comprendre ce que je vais vous dire
maintenant, que ce que je vous ai dit tout a l'heure.
-- Parlez, monsieur d'Artagnan, parlez, repondit le brave
officier.
-- Ces messieurs que nous venons voir, et contre lesquels vous
avez des ordres, sont mes amis.
-- Je le sais, monsieur.
-- Vous comprenez si je dois agir avec eux comme vos instructions
vous le prescrivent.
-- Je comprends vos reserves.
-- Eh bien! permettez-moi de causer avec eux sans temoin.
-- Monsieur d'Artagnan, si je cedais a votre demande, si je
faisais ce dont vous me priez, je manquerais a ma parole; mais, si
je ne le fais pas, je vous desobligerai. J'aime mieux l'un que
l'autre. Causez avec vos amis, et ne me meprisez pas, monsieur, de
faire par amour pour vous, que j'estime et que j'honore, ne me
meprisez pas de faire pour vous, pour vous seul, une vilaine
action.
D'Artagnan, emu, pa
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