es citations commodes. Mais de quel cote
donc (cela fait sourire) _la republique des lettres_ etait-elle en
danger, je vous prie?]
M. de Fontanes, en vue des generations survenantes, tendait a faire
entrer dans l'Universite l'esprit moral, religieux, conservateur, et la
plupart de ses choix furent en ce sens. Il proposa ainsi M. de Bonald
a l'Empereur comme conseiller a vie, et, durant plus d'un an, il eut a
defendre la nomination devant l'Empereur impatient, et presque contre M.
de Bonald lui-meme qui ne bougeait de Milhaud. Il eut moins de peine
a faire agreer l'excellent M. Eymery de Saint-Sulpice. Il fit nommer
conseiller encore le Pere Ballan, oratorien, son ancien professeur de
rhetorique; M. Deseze, frere du defenseur de Louis XVI, fut recteur
d'academie a Bordeaux. Ces noms en disent assez sur l'esprit des
choix. Ceux de M. de Fontanes n'etaient pas d'ailleurs exclusifs; sa
bienveillance, par instants quasi naive, les etendait a plaisir, et
lui-meme proposa deux fois a la signature de l'Empereur la nomination de
M. Arnault, assez peu reconnaissant: "Ah! c'est vous, vous, Fontanes,
qui me proposez la nomination d'Arnault, fit l'Empereur a la seconde
insistance; allons, a la bonne heure[140]!" Quand M. Frayssinous vit
interdire ses conferences de Saint-Sulpice, et se trouva momentanement
sans ressources, M. de Fontanes, sur la demande d'une personne amie, le
nomma aussitot inspecteur de l'Academie de Paris. Sa generosite n'eut
pas meme l'idee qu'il put y avoir inconvenient pour lui-meme a venir
ainsi en aide a ceux que l'Empereur frappait. La vie de M. de Fontanes
est pleine de ces traits, et cela rachete amplement quelques faiblesses
publiques d'un langage, lequel encore, si l'on veut bien se reporter au
temps, eut toujours ses reserves et sa decence.
[Note 140: M. Arnault, conseiller de l'Universite et a la fois
secretaire du Conseil, fut a meme de desservir de tres-pres le
Grand-Maitre et de preter secours sous main a la resistance de Fourcroy.
Il faut dire pourtant que, dans les Cent-Jours, devenu president du
Conseil, il se conduisit bien et avec egards pour les amis de M. de
Fontanes dans l'Universite. Il a parle de lui, un peu du bout des
levres, mais avec convenance, dans ses _Souvenirs d'un Sexagenaire_,
tome I, pages 291-292.]
Un jour, a propos des choix trop religieux et royalistes de M. de
Fontanes dans l'Universite, l'Empereur le traita un peu rudement devant
temoins, comme c'etait sa tactique,
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