r attitude: "Vous
pouvez continuer." Savine se rengorgea.
Madame de Barizel continua donc.
--Bien que nous ne vous connaissions pas depuis longtemps, nous avons
pu vous apprecier, ma fille et moi, elle avec son instinct, moi avec
l'experience d'une femme qui a souffert. Il est vrai qu'il n'y a pas
grand merite a cela. Un homme aussi droit que vous, aussi franc...
Savine se redressa encore.
--Une nature aussi ouverte, qui parle toujours haut parce qu'elle n'a
rien a cacher...
Savine fit craquer le dossier de son fauteuil sous la pression de ses
epaules.
--Un caractere aussi loyal, un coeur aussi bon se laissent facilement
penetrer. Ce sont les fourbes qui deroutent l'examen, les mechants; avec
eux on ne sait jamais a quoi s'en tenir, on a peur.
--Et on a bien raison.
--N'est-ce pas? Enfin nous n'avons pas eu peur de vous; je veux dire je
n'ai pas eu peur, car si ma fille partage les sentiments... d'estime
que je ressens, comme elle ignore la demarche que j'entreprends en ce
moment, elle n'a pas eu a se prononcer sur la question de savoir si
malgre votre amitie pour M. le duc de Naurouse et les longues relations
qui vous unissent, j'avais ou n'avais pas raison de compter sur une
entiere sincerite de votre part.
--J'espere qu'elle n'eut pas eu de doute a cet egard.
--Oh! soyez-en sur: si Corysandre parle peu, c'est par discretion, par
reserve de jeune fille, mais elle sait regarder, elle sait voir et je
ne connais pas de jeune fille de son age qui sache comme elle, aller au
fond des choses et les apprecier a leur juste valeur. D'un mot elle vous
juge, et bien, et justement. Le malheur est qu'en ce qui vous touche je
ne puisse rien dire de cette appreciation et de ce jugement, arretee
que je suis par ce sentiment de modestie exageree qui vous empeche
d'entendre tout ce qui ressemble a un compliment.
--Oh! je vous en prie, dit Savine, rouge de joie orgueilleuse.
--Ne craignez rien, je ne ferai pas violence a cette modestie;
d'ailleurs ce n'est pas de vous qu'il s'agit, et ce que j'ai dit n'a eu
d'autre objet que d'expliquer comment j'ai eu la pensee de m'adresser a
vous dans les circonstances graves, solennelles, qui sont a la veille de
se produire, au moins je le suppose.
Savine, bien qu'il commencat a se rassurer et a croire,--on le lui
disait d'ailleurs,--qu'il ne s'agissait pas de lui dans cet entretien,
ne fut pas maitre d'imposer silence a sa curiosite, vivement surexcitee,
et de retenir u
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