plus longtemps prolonger sa visite, qui avait
deja singulierement depasse les limites fixees par les convenances. Il
fallait penser a madame de Barizel, qui, si elle ne dormait pas, devait
se demander ce que signifiait un pareil tete-a-tete. Il se leva.
Alors Corysandre se leva aussi:
--Avant que vous partiez, dit-elle, j'ai une demande a vous adresser.
Cela fut dit tout naturellement, d'un ton enjoue et sans toutes
les savantes preparations de madame de Barizel, sans trouble, sans
confusion, sans hesitation, sans regards de plus en plus tendres, sans
doux sourire, plein d'embarras et d'inquietude.
--Une demande a moi, une demande de vous, quel bonheur!
--Ne dites pas cela sans savoir sur quoi elle porte.
--Mais, sur quoi que ce puisse etre, vous savez bien qu'elle est
accordee, ce serait me peiner, et serieusement, je vous le jure, d'en
douter. Qu'est-ce? Dites, je vous prie, dites tout de suite, que j'aie
tout de suite le plaisir de vous repondre:--C'est fait.
Cela aussi fut dit tout naturellement, avec un accent de tendresse
contenue, il est vrai, mais sans l'emotion sur laquelle madame de
Barizel avait compte.
--Eh bien, je serais heureuse que vous me disiez que vous ne monterez
pas dans le grand steeple-chase.
--Et pourquoi donc?
--Parce que j'aurais peur... assez peur pour ne pas pouvoir assister a
cette course si vous y preniez part.
--Vraiment?
Ils se regarderent un moment, tres emus l'un et l'autre.
Mais Corysandre ne permit pas que le silence accentuat l'embarras de
cette situation.
--Vous ne voulez pas? dit-elle. Vous trouvez ma demande enfantine?
--Je la trouve...
Ces trois mots, il les avait jetes malgre lui avec un elan irresistible
et un accent passionne; mais a temps il s'arreta.
--Je la trouve assez...--il hesita...--assez raisonnable, et je suis
heureux de vous dire qu'il sera fait selon votre desir. Je ne monterai
pas; je puis facilement me degager.
Elle lui tendit la main.
Mais elle le fit si simplement, dans un mouvement si plein de
spontaneite et d'innocence, qu'il ne pouvait vraiment pas se jeter a ses
genoux.
Il lui prit la main qu'elle lui offrait et doucement il la lui serra.
--Merci, dit-elle, et a demain, n'est-ce pas?
--A demain, ou plutot si je revenais ce soir.
--Oui, c'est cela, revenez, ma mere sera levee; elle sera heureuse de
vous voir. A bientot.
XXV
Roger n'etait pas sorti du jardin, que madame de Barizel se precipitait
d
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