i est arrive avec don Jose, avec lord Start, avec
Savine, se renouvelle avec le duc de Naurouse?
--Il n'y a pas de danger; dit-elle avec une superbe assurance et
l'eclair de la foi dans les yeux; ceux dont tu parles savaient qu'ils
m'etaient indifferents; M. de Naurouse sait que...
--Que?...
--Que je l'aime.
--Tu ne le lui as pas dit?
--Est-ce qu'il est besoin de se le dire, cela se voit, cela se sent;
lui, non plus, ne m'a pas dit, qu'il m'aimait, et cependant je suis
certaine de son amour tout aussi bien que s'il me l'avait affirme par
les serments les plus solennels; c'est l'elan de mon coeur qui me
l'affirme lorsque je le vois, c'est son aneantissement lorsque nous
sommes separes.
--J'admets cet amour, je l'admets aussi grand que tu voudras chez le duc
de Naurouse; eh bien! a quoi a-t-il servi jusqu'a present?
--A nous rendre heureux.
-J'entends pour ton mariage; si malgre cet amour, ce grand amour, M. de
Naurouse n'a point encore demande ta main, bien qu'il sache qu'il n'a
qu'un mot a prononcer pour l'obtenir, ne crains-tu pas qu'a un moment
donne il se retire comme s'est retire Savine, comme se sont retires deja
ceux qui ont voulu t'epouser et qui, apres un certain temps, ont renonce
a leur projet?
--Non.
--Eh bien, moi, je le crains, et je vais te dire pourquoi; c'est parce
que tu effrayes les epouseurs; ils viennent a toi, irresistiblement
attires par ta beaute; mais, comme tu ne fais rien pour les retenir, ils
se retirent lorsqu'ils ont appris a connaitre notre situation.
--A qui la faute?
--A personne, ni a toi, ni a moi; on nous reproche le tapage de notre
vie, et je conviens qu'on n'a pas tort; mais, cette vie, nous ne pouvons
pas la changer sous peine de renoncer au grand mariage que je veux pour
toi. Ceux qui ont une position bien etablie, un grand nom, une belle
fortune, des relations solides et brillantes, n'ont point besoin qu'on
fasse du tapage autour d'eux; on vient a eux tout naturellement, par la
force meme des choses. Mais nous, qui serait venu a nous si nous etions
restees dans notre pauvre habitation, sans fortune, sans relations?
Quand j'ai voulu un mariage digne de ta beaute, il a bien fallu prendre
un parti, sous peine de te laisser devenir la femme d'un homme mediocre.
J'ai pris celui que les circonstances m'imposaient et non celui que
j'aurais choisi si j'avais ete libre; je t'ai placee dans un milieu
brillant et je me suis arrangee pour qu'on parlat de toi. Mon c
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