erme, que madame de Barizel comprit qu'il n'y
avait pas a insister.
--Alors laquelle veux-tu mettre? demanda-t-elle; je ne tiens pas plus a
celle-la qu'a une autre; ce que je veux, c'est que le duc perde la tete.
Sans repondre, Corysandre avait ouvert une autre armoire et elle avait
atteint une robe blanche, une robe de petite fille.
--C'est toi qui perds la tete! s'ecria madame de Barizel.
Corysandre ne repondit pas.
Tout a coup madame de Barizel frappa ses deux mains l'une contre
l'autre:
--Au fait, tu as raison, dit-elle joyeusement, ton idee est excellente;
ah! ces jeunes filles! c'est quelquefois inspire... Je n'avais pas pense
que le duc, malgre sa jeunesse, avait deja beaucoup vecu, beaucoup aime;
il sera donc plus touche par l'innocence que par la provocation, et, si
tu reussis bien ton mouvement en lui tendant la main, le contraste entre
cet elan passionne et la toilette virginale sera tres puissant sur lui.
Adoptons donc la robe blanche, seulement je vais etre obligee de changer
une fois encore ta coiffure; mais je ne m'en plains pas, tu as eu une
inspiration de genie.
De nouveau elle defit les cheveux de sa fille, les retroussant tout
simplement et les reunissant en un gros huit; mais ceux du front
s'echapperent en petites boucles crepees et frisantes qui fremissaient
au plus leger souffle et que la lumiere dorait en les traversant.
Elle voulut aussi mettre la main a la robe, et cela malgre Corysandre,
qui aurait mieux aime s'habiller seule.
Enfin, quand tout fut fini, elle recula de quelques pas, comme un
peintre qui veut juger son ouvrage.
--Es-tu jolie! dit-elle; si le duc te resiste c'est qu'il est de glace;
mais il ne te resistera pas. Si nous repassions un peu le mouvement de
la main?
Mais Corysandre se refusa a cette nouvelle repetition.
--Si tu es sure de toi, c'est parfait, dit madame de Barizel.
Cependant elle n'avait pas encore fini ses lecons et ses
recommandations; quand la demie apres deux heures sonna, elle voulut
installer elle-meme Corysandre dans le salon.
Elle placa le fauteuil dans lequel elle fit asseoir sa fille, cherchant
une pose gracieuse, l'essayant elle-meme; puis elle disposa la chaise
sur laquelle Roger devait s'asseoir pendant cet entretien, et elle
calcula la distance qu'il lui faudrait pour etre bien sous les yeux de
Corysandre et pour tomber aux genoux de celle-ci.
Alors elle s'apercut que sa fille n'etait pas bien eclairee, et, comme
le photo
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