el, quelle situation il avait reellement occupee, ce qu'avait ete,
ce qu'etait madame de Barizel.
Ces recits, Roger les avait acceptes surtout parce qu'ils lui parlaient
de Corysandre et lui permettaient de reconstituer par l'imagination ce
qu'avaient ete l'enfance et la premiere jeunesse de celle qui occupait
son esprit; mais jamais il n'avait eu la pensee de les controler,
n'ayant pas d'interet a le faire; que lui importait qu'ils fussent ou ne
fussent pas des romans, ils n'en parlaient pas moins de Corysandre?
Mais maintenant que cet interet etait ne, ce controle s'imposait et il
devait etre poursuivi d'autant plus severement que la renonciation de
Savine ressemblait a une accusation.
Il pouvait reconnaitre que la fortune de Savine etait superieure a
la sienne; mais il ne mettait aucun nom au-dessus du sien, et ce qui
n'avait pas convenu a un Savine convenait encore moins a un Naurouse.
C'etait ce nom qu'il engageait en se mariant et jamais il ne le
compromettrait en prenant une femme qui ne fut pas digne de le porter ou
qui l'amoindrit.
Que la fortune de Corysandre ne fut pas ce qu'on disait, cela n'avait
que peu d'importance a ses yeux; mais qu'il y eut une tache sur son
nom ou sur l'honneur de sa famille, cela au contraire en avait une
considerable qui pouvait empecher tout projet de mariage.
Avant de poursuivre l'execution de ce projet, avant de s'engager avec
madame de Barizel, et meme avec Corysandre, il fallait donc qu'il eut
des renseignements precis sur cette famille de Barizel.
Le lendemain, en se levant, il employa sa matinee a ecrire des lettres
pour obtenir ces renseignements l'une a l'un de ses amis, secretaire
de la legation de France a Washington, l'autre a un Americain de
Saint-Louis avec qui il s'etait lie dans son voyage.
XXI
Madame de Barizel avait cru qu'apres le depart de Savine le duc de
Naurouse prendrait la place de celui-ci, se poserait franchement en
pretendant, et, dans un temps qui, selon elle, ne devait pas etre long,
lui demanderait Corysandre.
Cela semblait indique, car bien certainement, si le duc de Naurouse ne
s'etait pas encore prononce, c'etait Savine, Savine seul qui l'avait
retenu; Savine eloigne, les scrupules qui l'avaient arrete n'existaient
plus.
Il n'avait qu'a parler.
Chaque soir elle avait donc interroge sa fille.
--Que t'a dit le duc de Naurouse aujourd'hui?
--Rien de particulier.
--Je vous ai laisses en tete-a-tete.
--C'est juste
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