ppose qu'il ne me trahira pas..."
Mais, pendant qu'il songeait ainsi, Pardaillan remarqua qu'une epaisse
couche de poussiere couvrait les meubles. Il y avait d'ailleurs un
certain desordre dans cette piece. Il y regnait une atmosphere de
moisi...
Pardaillan sentait une sorte d'angoisse etreindre son coeur. Enfin, ne
pouvant plus supporter cette pesante tristesse qui semblait descendre
des murs nus de cette piece, il se secoua et alla pousser une porte par
ou il penetra dans une chambre voisine. Cette chambre etait plus claire
que la premiere. En effet, dans la piece qu'il venait de quitter, les
fenetres fermees ne laissaient filtrer qu'un faible rayon de jour.
Dans celle ou il venait d'entrer, il n'y avait pas de fenetre, mais
un oeil-de-boeuf place tres haut et que, du dehors, on ne pouvait
certainement pas atteindre. La lumiere arrivait par la sans obstacle.
"Ouf! respira Pardaillan. J'ai cru que j'etouffais! C'est sans doute
l'oratoire de ce chanoine... ici, au contraire, devait etre son lieu de
recreation..."
Comme il murmurait ces mots, son regard tomba sur un certain nombre
d'objets qui garnissaient les murs. Car si, dans la premiere piece, il
n'y avait aux murs qu'un crucifix, dans celle-ci, les murailles etaient
tres ornees... Mais ces ornements firent palir le chevalier.
C'etait toute une collection de haches. C'etaient des couteaux d'une
certaine forme, larges et effiles comme des couteaux de boucher.
C'etaient des masses de fer, herissees de clous. C'etaient des
paquets de corde accroches en bon ordre. C'etaient enfin de bizarres
instruments, des pinces, des tenailles. Tout cela methodiquement range,
et d'ailleurs couvert d'une epaisse couche de poussiere.
Pardaillan se sentit tressaillir, et un etrange malaise s'empara de lui.
Sur une table, au milieu de cette piece, quelques parchemins etaient
demeures.
A ce moment, un murmure confus de la foule se rapprocha de la maison
solitaire. Mais Pardaillan n'entendait rien... Il s'approcha de la table
poussiereuse sur un coin de laquelle, en bon ordre, s'entassaient l'un
sur l'autre une trentaine de parchemins... Et, ayant jete les yeux sur
celui de ces parchemins qui recouvrait les autres, il vit qu'il portait
le sceau de la grande prevote.
Sous la poussiere, il put dechiffrer les premiers mots... Et, alors, il
recula, pris d'un frisson... La maison solitaire et triste venait de lui
reveler son secret!... Ces parchemins, c'etaient des ordres d'ex
|