es, fit une courte oraison.
Puis, il monta les degres de l'autel, ouvrit le tabernacle, decouvrit
l'ostensoir d'or et, tandis que les pretres entonnaient le _Tantum
ergo_, il se retourna en soulevant l'embleme dans ses mains levees.
Toute l'assistance etait tombee a genoux; le roi avait le premier donne
l'exemple. Enfin, l'ostensoir ayant ete expose sur l'autel, le roi se
releva et regarda fixement le duc de Guise. Celui-ci, d'un pas ferme,
monta les degres de l'autel et etendit la main droite.
--Sur l'Evangile et le Saint-Sacrement, dit le duc d'une voix que tout
le monde put entendre, tant en mon nom qu'au nom de la Ligue dont je
suis lieutenant general, je jure reconciliation et parfaite amitie a Sa
Majeste le Roi...
Henri III qui, jusque-la, avait conserve un doute, rayonna de joie, et,
montant a son tour, il etendit la main et dit:
--Sur l'Evangile et le Saint-Sacrement, je jure reconciliation et
parfaite amitie a mon feal cousin duc de Guise et a messieurs de la
Ligue...
Alors, des vivats eclaterent parmi les royalistes, tandis que les
gentilshommes guisards demeuraient sombres et silencieux. Le roi tendit
la main au duc qui, profondement, s'inclina. La reconciliation etait
scellee.
XXV
CATHERINE RECOIT LA LETTRE...
Le soir, pendant la grande reception qui eut lieu au chateau, les gens
de la Ligue montrerent un visage serein, joyeux, et meme quelque peu
moqueur quand leurs yeux s'arretaient sur Henri III.
Le roi, qui dinait d'assez bon appetit, contre son habitude, ne
remarquait nullement ce qu'il y avait de singulier dans cette attitude
des guisards. Mais d'autres le remarquaient pour lui. Et, parmi ces
autres, se trouvaient Ruggieri et Catherine de Medicis.
L'astrologue assistait au diner du roi du fond d'un cabinet perce d'un
invisible judas a travers lequel il pouvait tout voir. Catherine l'avait
mis la en lui recommandant d'etudier la physionomie des Guise. Jamais la
vieille reine n'avait eprouve angoisse pareille. Il y avait un malheur
dans l'air.
A la table du roi avaient pris place le marechal de Biron, Villequier,
d'Aumont, du Guast, Crillon, les trois Lorrains et quelques seigneurs de
la Ligue. Les convives etaient fraternellement meles les uns aux autres,
et, si le roi n'eut ete assis dans un fauteuil un peu plus eleve que,
les autres, on ne l'eut pas distingue de ses invites.
--Par Notre-Dame de Chartres, a qui, en partant, j'ai fait cadeau d'une
belle chape de drap d'
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