valier se mit au trot; Pardaillan prit le trot, tout en se
maintenant a distance. Cependant le cavalier ne paraissait pas tres
presse.
A un moment, cet homme s'apercut sans doute qu'il etait suivi; mais, au
lieu de piquer son cheval, il s'arreta court. Pardaillan s'arreta. Le
cavalier repartit au galop pour passer au trot quelques instants plus
tard: Pardaillan executa les memes manoeuvres. Des lors il fut evident
pour le cavalier que Pardaillan le suivait.
Il ne s'arreta pas a Dammartin et poussa jusqu'a Senlis. La, le messager
mit pied a terre devant le Tonneau-de-Bacchus, vieille hotellerie
renommee. Pardaillan entra au Tonneau-de-Bacchus. Le messager dinait
dans la grande salle. Pardaillan dina dans la grande salle. Puis le
messager se retira dans sa chambre en ordonnant qu'on le laissat dormir
jusqu'a huit heures du matin.
"Bon! pensa Pardaillan, je veux etre pendu si mon homme n'est pas debout
a cinq heures!..."
Et, se retirant a son tour, il donna l'ordre qu'on tint son cheval pret
pour cinq heures. Avant de s'endormir, Pardaillan se mit a mediter sur
sa situation. Que voulait-il au bout du compte?...
"La lettre destinee a Farnese, pas davantage", se repondit-il.
Pardaillan dormit d'une traite jusqu'a cinq heures du matin, moment
auquel on vint le reveiller.
"Je suis sur que mon homme ne va pas tarder a sortir", songeait-il.
Mais Pardaillan etait habille depuis longtemps et l'homme ne paraissait
pas.
A sept heures, Pardaillan n'y tint plus. Et appelant l'hote:
--J'espere, dit-il, que vous n'oublierez pas de reveiller a huit heures
ce digne gentilhomme.
--Quel gentilhomme? fit l'hote.
--Mais celui qui est arrive hier en meme temps, ou plutot un peu avant
moi. Je m'ennuie seul en route, et je serais fort desireux de chevaucher
botte a botte avec ce cavalier dont l'air me revient tout a fait...
--En ce cas, monsieur, je suis contrarie vraiment...
--Qu'est-ce a dire?...
--Ce gentilhomme s'est ravise...
--Et alors?...
--Eh bien, il est parti a trois heures du matin!...
Pardaillan retint un juron, s'elanca sur son cheval qui l'attendait
depuis cinq heures, selon ses ordres, et prit a franc etrier la route
d'Amiens.
En grommelant il poussait son cheval d'une pression des genoux. Le
cheval filait comme le vent. Mais Pardaillan s'apercut bien vite qu'a ce
train-la la pauvre bete serait rapidement epuisee. Une fois demonte, il
n'etait pas sur de pouvoir acheter un autre cheval, o
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