l'envoyer a
l'echafaud...
--L'echafaud! dit sourdement Catherine qui se redressa, livide...
Ruggieri considerait ardemment Maurevert.
--Expliquez-vous nettement, dit a son tour l'astrologue... Il ne s'agit
donc pas...
--D'une arquebusade dans le genre de celle que j'envoyai a Coligny? fit
Maurevert. Nullement. Aussi, au lieu d'ecrire: "Payable au lendemain de
la mort", Votre Majeste eut plus justement ecrit: "Payable le lendemain
de l'execution de M. de Guise."
--Maurevert, dit la vieille reine haletante, tu aurais donc vraiment le
moyen de porter quelque terrible accusation contre le duc?... Parle, mon
ami!...
--Papier pour papier, dit Maurevert.
A ces mots, il tira de sa poche une lettre qu'il remit a la reine.
Catherine y jeta un avide regard et murmura:
"L'ecriture de Guise..."
Catherine et Ruggieri se pencherent en meme temps sur la lettre posee
sur la table.
Cette lettre, c'etait celle-la meme que Guise avait remise a Maurevert
pour Fausta, Maurevert avait copie la lettre, remis la copie
parfaitement imitee a Fausta et garde l'original pour lui. La signature
"Henri, duc de Guise... POUR LE MOMENT" constituait l'aveu echappe a la
prudence du duc. Ce mot eclairait la lettre. "Qui vous savez", c'etait
le roi!...
Lorsque Catherine eut lu et relu cette lettre non pour en decouvrir
le sens, car ce sens lui apparaissait tres clair, a elle, mais pour y
chercher la possibilite d'accabler le duc sous une accusation capitale,
elle demanda:
--A qui etait adressee cette lettre?
--A la princesse Fausta... dit Maurevert.
--Donc, elle ne l'a pas recue?...
--Pardon, madame. La princesse Fausta a recu la lettre... ou une copie
de la lettre.
Catherine le regarda avec une certaine admiration.
--Vous etes sur que nul autre que vous n'a vu cette lettre? reprit-elle.
--Parfaitement sur madame!...
Catherine appuya son coude sur la table, sa tete sur sa main, et les
yeux fixes sur le papier, se plongea en une profonde reverie.
"La princesse Fausta!" murmura-t-elle enfin.
A quoi songeait-elle donc en prononcant ce nom?...
XXVI
PARDAILLAN AU COUVENT
Quelques jours se sont passes depuis le depart du duc de Guise. Paris
est inquiet.
Au palais Fausta, une douzaine de jours apres le depart des Lorrains,
un mouvement se produit. Fausta a lu la lettre que Guise lui a fait
remettre par Maurevert. Fausta a pris la resolution de rejoindre le duc
a Blois.
Tout est donc pret pour le v
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