se... Vous ne me
tuerez pas, monsieur! Et, comme je ne veux pas que la lettre arrive,
comme enfin vous etes le serviteur d'une femme qui veut ma mort, c'est
moi qui vais vous tuer!...
En meme temps, Pardaillan tomba en garde. Les fers se croiserent...
Le comte Luigi, en homme habile, se tint sur la defensive. En somme,
il ne s'agissait pas pour lui de tuer et de remporter une victoire. Il
s'agissait simplement d'ecarter ou d'arreter un adversaire.
Pardaillan, selon son habitude, attaqua par une serie de coups droits
foudroyants. Le messager ne dut son salut qu'a une marche en arriere.
Mais, tout en rompant, il se defendait avec courage et habilete.
--Monsieur, dit tout a coup Pardaillan, vous me paraissez homme de
coeur, et je vous dois mes excuses...
--De quoi? fit le comte Luigi.
--De vous avoir prie de me remettre votre lettre. J'aurais du prevoir
qu'un homme comme vous peut etre vaincu par la fortune, mais qu'il ne
courbe pas volontairement la tete...
--Merci, monsieur, dit le messager, en prenant vivement une nouvelle
attaque.
--Recevez donc, acheva Pardaillan, toutes mes excuses pour la
proposition incongrue que je vous ai faite, et tous mes regrets d'etre
force de vous traiter en ennemi...
En meme temps, il se fendit a fond. Le messager jeta un cri rauque,
laissa echapper son epee, tourna sur lui-meme et s'abattit...
--Hola! grommela Pardaillan, aurais-je vraiment ete assez maladroit pour
le tuer?...
Il s'agenouilla, defit le pourpoint du comte toscan et examina la
blessure en hochant la tete. A ce moment, le blesse ouvrit les yeux.
--Monsieur, dit Pardaillan, je suis maitre du champ. Je puis donc vous
prendre la missive que vous portez, Mais je serais au desespoir de vous
quitter en ennemi, car vous etes un brave... Voulez-vous, de bonne
volonte, me remettre cette lettre?... Voulez-vous que nous nous
separions amis?...
Le blesse fit peniblement un geste de la main pour designer une poche
interieure de son pourpoint. Pardaillan prit la lettre. Les yeux du
blesse indiquerent un profond desespoir.
--Voyons, dit Pardaillan, emu de pitie, qu'est-ce que cela peut vous
faire, au bout du compte?... Vous ne craignez pas, je suppose, que j'use
de cette lettre comme d'une arme contre la signorita Fausta?
--Je le crains, murmura le blesse d'une voix a peine intelligible...
Vous allez... porter... cette lettre au roi de France... je suis un
homme.... deshonore.
--Vraiment, dit Pardaillan,
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