nd je le saurais...
--Vous ne me le diriez pas, c'est entendu. Mais vous ne le savez pas. Et
je vais vous le dire...
--Qui etes-vous, monsieur?...
--Vous m'avez demande mon nom, et je vous ai repondu que je m'appelle le
comte de Margency. La lettre, monsieur, voici ce qu'elle contient: un
ordre de la signora Fausta au generalissime d'avoir a se tenir pret a
entrer en France et a marcher sur Paris avec son armee au premier signe
qui lui en sera fait.
--Apres? gronda le messager en palissant.
--Apres? Eh bien, mon cher monsieur, je ne veux pas que cette lettre
arrive au camp de Farnese, voila tout!
--Vous ne... voulez pas?...
A ces mots, le messager saisit son pistolet. Pardaillan en fit autant.
--Reflechissez, dit-il. Remettez-moi cette lettre.
Et il braqua le canon du pistolet sur le messager. Celui-ci haussa les
epaules:
--Vous ne songez pas a une chose, dit-il avec un calme que Pardaillan
admira. Mais je tiens a vous dire avant de vous tuer...
--Je suis tout oreilles.
--Eh bien, vous venez de me dire le contenu de la lettre, que
j'ignorais. Je pourrais donc, si j'avais peur, vous remettre la missive,
et transmettre l'ordre de vive voix...
--Non, fit Pardaillan, car le generalissime n'obeira qu'a un ordre
ecrit...
--En ce cas, vocifera le messager, je vous tue!...
En meme temps, il fit feu... Pardaillan, d'un coup d'eperon, fit faire a
son cheval un ecart qui eut desarconne un cavalier ordinaire. La balle
passa a deux pouces de sa tete. Presque aussitot, il fit feu a son tour,
non pas sur le cavalier, mais sur la monture: la bete, frappee au crane,
s'affaissa. Dans le meme instant, le messager sauta et se trouva a pied,
l'epee a la main. Pardaillan avait saute aussi et tire sa rapiere.
--Monsieur, dit-il gravement, avant de croiser nos deux fers, veuillez
m'ecouter un instant. Je me suis nomme comte de Margency, et j'en ai
le droit. Mais je porte aussi un autre nom: je suis le chevalier de
Pardaillan...
--Ah! ah! je m'en etais doute un instant! grommela furieusement le
messager.
--Vous me connaissez, dit Pardaillan. Tant mieux. Cela nous evitera les
longs discours. Puisque vous me connaissez, monsieur le comte, vous
devez savoir que votre maitresse, votre souveraine, a voulu trois ou
quatre fois deja me faire assassiner. La derniere fois, il n'y a pas
longtemps, je venais de lui sauver la vie; en signe de gratitude, elle a
jete a mes trousses tous les gens d'armes du duc de Gui
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