signe de
reconnaissance que vous me faites, pour la raison bien simple que
j'ignore le signal de reponse que vous attendez sans doute: je ne suis
pas des votres.
--Fort bien. Seriez-vous, en ce cas, assez obligeant pour me dire ou
vous allez?...
--Mais... a Dunkerque ou vous allez vous-meme.
Et, de Dunkerque, je pousserai, s'il le faut, jusqu'au camp de votre
illustre compatriote le generalissime Alexandre Farnese.
Le messager devint pensif. Cet etranger qui le poursuivait etait-il un
affilie de Fausta?... mais alors, pourquoi ne connaissait-il pas le
signe?... Et, d'autre part, comment etait-il si bien informe?...
--Monsieur, reprit-il resolument, vous repondez a mes questions
avec tant de bonne grace que je me hasarderai a vous en poser une
troisieme... Pourquoi me suivez-vous depuis Dammartin?...
--Depuis Saint-Denis, rectifia Pardaillan.
--Soit. Pourquoi depuis Saint-Denis etes-vous sur ma route?
--Mais pour avoir le plaisir de voyager avec vous, d'abord!
--Comment pouviez-vous savoir que j'allais au camp de Farnese?
--Parce que je l'ai entendu dire a la tres noble signora Fausta, reprit
paisiblement le chevalier.
--Ah! ah! fit le messager, abasourdi.
Puis il reprit:
--Soit encore. Mais vous avez dit que votre acharnement a me rattraper
venait du desir que vous aviez de voyager en ma compagnie... d'abord. Il
y a donc un autre motif?...
--Monsieur le comte, fit Pardaillan, a mon tour de vous questionner,
voulez-vous? Savez-vous ce que contient la lettre qui vous a ete
remise a Saint-Denis de la part de la signora Fausta et a destination
d'Alexandre Farnese.
Le messager fut atterre. Il n'y avait plus de doute dans son esprit.
L'etranger n'etait pas, ne pouvait pas etre un envoye de Fausta, c'etait
un ennemi dangereux qui avait surpris de redoutables secrets.
Il regarda autour de lui. A sa droite, c'etaient les champs. A sa
gauche, les falaises, au-dela desquelles on entendait se lamenter la
mer. La solitude etait complete, et l'endroit excellent pour se defendre
d'un geneur.
--Monsieur, dit-il, il me serait difficile de repondre a votre question,
parce que, n'etant porteur d'aucune lettre, je ne puis vous dire le
contenu d'une missive qui n'existe pas.
--Ah! monsieur le comte! fit Pardaillan, vous recompensez mal ma
franchise!
--Eh bien, gronda le messager en palissant, j'ai une lettre, c'est vrai.
Apres?...
--Je vous demande si vous savez son contenu...
--Non. Et qua
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