et ce gentilhomme. Restez, monsieur de Maurevert.
La reine vous y autorise...
C'etait Ruggieri! Il avait tout vu et tout entendu de son cabinet...
Il fit un signe rapide a Catherine de Medicis. Et la reine, toujours
maitresse de ses passions, prononca:
--Monsieur de Maurevert, je vous pardonne ce que votre attitude et vos
paroles ont pu avoir d'etrange...
Maurevert mit un genou a terre et dit:
--Je crois maintenant que je puis dire a la reine tout ce que j'etais
venu lui dire.
--Vous avez donc encore quelque chose sur le coeur, mon cher monsieur de
Maurevert?...
--Eh! s'ecria Ruggieri, c'est bien simple. Il a sur le coeur de ne pas
avoir ete recompense selon son merite. Et il faut le recompenser, ce
digne gentilhomme.
Maurevert s'inclina.
--Et, sans doute que, pour etre plus sur d'obtenir une recompense
digne de vous, continua l'astrologue, vous apportez quelque chose a la
reine?...
--En effet, monsieur... j'apporte quelque chose a Sa Majeste... Je lui
apporte... ce que je lui apportai jadis au Louvre, le dimanche soir de
Saint-Barthelemy...
--Quoi donc? fit Ruggieri, tandis que la reine palissait.
--Une tete, repondit Maurevert.
--Suivez-moi, ordonna Catherine.
La reine descendit par un escalier derobe qui donnait sur son
appartement. Cet appartement, situe au rez-de-chaussee, se trouvait
juste au-dessous de l'appartement du roi, et en reproduisait la
disposition.
Catherine de Medicis fit entrer Ruggieri et Maurevert dans un petit
oratoire et, ayant renvoye ses suivantes, prit place dans un fauteuil.
--Que voulez-vous? dit la vieille reine en fixant son regard sur
Maurevert.
--Pardon, madame, intervint Ruggieri, Votre Majeste veut-elle me
permettre de placer ici un mot? Eh bien, il me semble qu'avant de
demander a ce gentilhomme ce qu'il veut nous devons lui demander ce
qu'il donne...
Catherine secoua la tete.
--Que voulez-vous? repeta-t-elle a Maurevert.
--Peu de chose, madame, dit Maurevert. Je me contenterai de trois cent
mille livres. Et il ajouta:
--Ce que j'apporte vaut en effet un million. Et, ne demandant que trois
cent mille livres, j'estime donc a sept cent mille livres le plaisir que
j'ai a servir les interets de Votre Majeste...
--Bon! pensa la reine, prompte a comprendre. Il parait que tu as une
rude dent contre le Guise, et qu'au besoin tu le trahirais pour rien...
--Ruggieri, ajouta-t-elle tout haut, fouille dans ce meuble... la... le
troisieme tiroi
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