mace.
Catherine de Medicis s'etait assise silencieusement.
--Henri, dit la vieille reine d'une voix douloureuse et presque
tremblante, bientot, je n'y serai plus. Alors, vous me regretterez
peut-etre. Alors, peut-etre, vous rendrez justice au sentiment qui m'a
toujours guidee et qui est celui d'une affection... indestructible,
puisque votre ingratitude n'a pu l'attenuer...
--Je sais que vous m'aimez, ma mere, dit Henri III d'une voix
caressante.
--Ma mere! fit Catherine. Il vous arrive bien rarement de m'appeler
ainsi, Henri, et ce mot est doux a mon coeur. Oui, je vous aime, et
profondement. Mais vous, Henri, vous ne m'aimez pas. J'ai trouve plus
d'affection chez Charles et chez Francois, que je n'aimais guere, vous
le savez... et pourtant, ajouta-t-elle sourdement, je les ai... laisses
mourir... parce que je voulais vous voir sur le trone...
Catherine baissa la tete, et plus sourdement, ajouta:
--Henri!... savez-vous le premier mot que me dit votre pere lorsqu'il
m'epousa?...
--Non, madame, mais je pense que ce fut une parole d'amour... fit Henri
en baillant.
--J'etais jeune... presque une enfant. J'arrivais d'Italie tout
enfievree par la joie de voir Paris, d'etre la reine dans ce grand beau
royaume de France... J'etais belle... Je venais, decidee a aimer de
tout mon coeur cet epoux qui etait un si grand roi! et qu'on disait si
aimable... Je le vois encore... Il etait habille tout de satin blanc...
Il s'approcha donc, m'examina cinq minutes. Je defaillis presque... Et
quand il m'eut bien examinee, il se pencha sur moi et me dit: Mais,
madame, vous sentez la mort!... Et votre pere sortit de la chambre
nuptiale. Ce fut une triste vie que la mienne jusqu'au jour ou le coup
de lance de Montgomery me fit veuve... Eh bien, Henri ma vieillesse est
aussi triste que le fut ma jeunesse...
--Madame, balbutia Henri III, ma mere...
Catherine l'arreta d'un geste.
--Je sais quels sont vos sentiments. Epargnez-vous toute contrainte.
Votre pere me l'a dit: "Je sens la mort", et toute ma vie s'est resumee
dans cette question qui s'est dressee devant moi tous les jours: tuer ou
etre tuee!...
--Que voulez-vous dire? s'ecria Henri, pris de cette sorte de terreur
que lui inspirait si souvent sa mere.
--Je veux dire que toute ma vie, j'ai du tuer pour ne pas l'etre... il
faut que je tue encore pour que vous ne mouriez pas, vous que j'aime...
vous, mon fils!...
--Je dois donc mourir! fit Henri d'une voix etr
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