oyage. Une litiere attend devant la porte.
Douze hommes d'armes recrutes depuis peu lui serviront d'escorte. Fausta
monte dans la litiere avec ses deux suivantes: Myrthis et Lea.
Au moment du depart, Fausta jette un long regard sur ce palais ou elle
a pense, aime, souffert, calcule, combine la plus formidable des
conspirations. L'image de Pardaillan passe dans son esprit assombri.
Mais elle secoue la tete... Il est mort... elle est delivree!...
Or, a l'heure meme ou Fausta sortait de Paris par la porte
Notre-Dame-des-Champs, apres une courte station au couvent des jacobins
situe dans le voisinage de cette porte, le chevalier de Pardaillan
rentrait dans la ville par la porte Saint-Denis, c'est-a-dire par
l'extremite opposee.
Il s'en etait venu a petites journees. A Amiens, il s'etait arrete
deux jours. Il eprouvait une certaine lassitude. Solitude d'ame et de
corps... Il etait seul dans la vie...
En somme, il s'interessait a deux choses: d'abord frapper Maurevert.
Ensuite, faire rentrer dans la gorge du duc, moyennant sa bonne rapiere,
les insultes que Guise avait proferees contre lui, le jour ou, pour
sauver Huguette, le chevalier s'etait rendu.
"Supposons, songeait-il, que je terrasse Maurevert, et Guise, et Fausta.
Que ferai-je apres?"
Voila ou etait la question... Que faire de sa vie?... Il s'ennuyait et
s'ennuyait tout simplement parce que la vieille cicatrice de son coeur
n'etait pas fermee encore et parce qu'il ne savait ou aller quand il
aurait enfin regle ses comptes,--s'il y arrivait.
"Que ferai-je?... Ou irai-je? Demanderai-je l'hospitalite au petit duc,
et me laisserai-je vieillir dans l'espoir d'enseigner les mysteres du
contre de sixte aux enfants de Violetta? M'en irai-je vieillir aupres
d'Huguette?"
Longtemps, Pardaillan s'arreta sur cette pensee avec un inexprimable
attendrissement.
"Apres tout, finit-il par se dire, il y a encore des grandes routes en
France et ailleurs. Il y aura toujours des arbres le long de ces routes,
du soleil dans l'air, a moins que ce ne soit de la pluie..."
Lorsque Pardaillan reprit son chemin vers Paris, il n'avait en somme
decide qu'une chose; c'est qu'il surveillerait de pres les faits et
gestes de M. de Guise. Aussi, en arrivant a peu pres a la meme heure ou
Fausta sortait de Paris, lorsqu'il eut appris par le premier bourgeois
venu que le duc de Guise etait a Blois, Pardaillan se dit:
"Eh bien, je continue ma route jusqu'a Blois."
Mais sans doute
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