ble tache a
accomplir. Retrouver Maurevert, d'abord. Et ensuite pouvoir rencontrer
Guise...
XXIII
BLOIS
Pendant que Pardaillan courait sur la route de Dunkerque et s'emparait
de la lettre destinee a Farnese, le duc de Guise, au milieu d'une
imposante escorte, s'avancait vers Blois ou, de tous les points de
la France, accouraient les deputes de la noblesse, du clerge et du
Tiers-Etat pour cette supreme conference a laquelle Henri III avait
convie son peuple, et qu'on appelle les etats generaux de Blois.
La securite de Guise etait absolue, Maurevert lui avait rendu un compte
exact des forces dont Henri III pouvait disposer, soit environ quarante
mille hommes.
Ces forces considerables etaient sous la main d'un hardi capitaine qui
avait fait ses preuves sur plus d'un champ de bataille. C'etait le brave
Crillon. Les troupes de Crillon occupaient le chateau et la ville.
Le roi etait donc defendu, bien defendu. Malgre cela, la securite de
Guise etait complete.
Il savait, en effet, que chacun des cent cinquante gentilshommes qui
l'accompagnaient avait mis en lui toutes ses esperances et toute sa
fortune future. Il n'en etait donc pas un qui ne fut pret a se faire
massacrer pour sauver le chef. Il savait en outre qu'une fois arrive a
Blois il allait trouver les deputes des trois ordres, et que, parmi ces
deputes, seigneurs, bourgeois, pretres, il n'en etait pas un qui ne lui
fut devoue corps et ame. En realite donc, il allait etre le veritable
maitre aux etats generaux.
C'est de ces diverses choses que causait Guise pendant sa derniere
journee de marche. Il etait entoure a ce moment de huit ou dix de ses
plus intimes qui, formant peloton, marchaient en avant du gros de
l'escorte. Et, peu a peu, dans ce groupe d'intimes, une selection
s'etait faite, en sorte que le duc avait fini par se trouver en avant,
entre Bussi-Leclerc et Maineville, ses inseparables, ceux pour qui il
n'avait rien de cache.
Dans le petit clan que formaient ainsi le duc et ses deux fideles
agents, il etait tout naturellement question de Pardaillan.
--Enfin, disait Maineville, nous voila debarrasses du quidam. Mais, pour
mon compte, j'en eprouve quelque regret. La noyade fut trop douce pour
lui...
--C'est vrai, rencherit Bussi-Leclerc, et, quant a moi, j'eusse eprouve
quelque plaisir a lui rendre...
--La lecon d'escrime qu'il te donna? fit Maineville en riant.
--Non, pardieu! Cela, je le lui ai rendu... Ne te rappelles-tu pas
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