C'est de s'unir au roi de France
et de marcher avec lui sur Paris. Monsieur le duc, combien avez-vous
d'hommes et d'argent pour resister aux deux armees combinees?...
--Tres forte! grommela Pardaillan qui ne perdait ni un mot, ni un geste,
ni un battement de paupieres.
--Mais, madame, en verite, je crois que vous me menacez... souffla
peniblement le duc.
--Pas du tout. Je vous donne mes preuves. Supposons maintenant Valois
supprime par un de ces accidents que la Providence met parfois sur la
route des rois... et des pretendants. Supposons aussi que Henri de
Navarre ne bouge pas. Bref, vous n'avez qu'a vous laisser couronner...
si toutefois vos droits sont etablis...
Guise se mit a marcher a grands pas dans la direction de la baie
derriere les rideaux de laquelle se trouvait Pardaillan. Le Balafre
etait sombre. Et, de ses yeux, jaillissait une telle flamme qu'il etait
evident qu'une pensee de meurtre hantait cette tete violente.
"Oh! oh! murmura Pardaillan, je ne donnerais pas un denier de la vie de
la belle Fausta... si je n'etais la!... Mais je suis la, et je ne veux
pas qu'on me la tue..."
A tout hasard, il se prepara et, la dague au poing, attendit le
moment d'intervenir. Pendant cette seconde terrible ou Fausta comprit
parfaitement que sa vie ne tenait qu'a un fil, elle ne fit pas un
mouvement...
Guise parvint jusqu'aux grands rideaux de velours, et Pardaillan sentit
sur son visage le souffle rauque de cet homme qui debattait en lui-meme
la mort de Fausta. Mais, sans doute, le Balafre comprit qu'en tuant
Fausta il se tuait lui-meme; car, ayant fait demi-tour, et etant revenu
a elle, il s'assit a la place qu'il occupait et gronda:
--Vous me traitez un peu durement, madame, et les precautions que vous
avez prises contre moi m'enlevent tout le plaisir que j'aurais eu a
m'acquitter de bon coeur envers vous.
--Mes preuves vous semblent-elles suffisantes? dit Fausta. Et maintenant
que je vous ai montre l'abime ou vous roulerez si vous cessez de vous
appuyer sur la main que je vous offre, je vais vous montrer la gloire
eblouissante qui vous attend si nous unissons a jamais nos forces... Des
le lendemain de la mort de Valois, Alexandre Farnese entre en France.
--Farnese! fit le duc en tressaillant.
--C'est-a-dire l'armee qui devait debarquer en Angleterre et qui,
l'invincible Armada etant detruite, attend des ordres du roi
d'Espagne... a moins que je n'envoie, moi, les miens a Farnese!...
L'oeil d
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