ard!..." Et, si vous
n'etes pas deja sur le trone, ce n'est pas ma faute, c'est la votre!...
--C'est encore vrai, dit le duc en fremissant.
--Apres la fuite de Henri de Valois, reconnaissant que vous me deviez
votre victoire et votre future couronne, vous m'avez encore demande quel
etait mon but et ce que j'attendais de vous. Je vous ai repondu: "Vous
le saurez quand l'heure sera venue..." L'heure est venue!
--Demandez-moi ma vie, madame, je serai heureux de vous l'offrir.
--Votre vie, duc, vous est a vous trop precieuse et me serait a moi de
trop peu d'utilite. Gardez-la donc... Ce que j'ai a vous demander, en
revanche de tout ce que j'ai fait pour vous, continua Fausta, pourra
vous sembler plus difficile a donner que votre vie. Vous avez noblement
patiente des annees... vous pouvez bien patienter encore quelques
minutes. Voici d'abord mes preuves. Vous voulez etre roi. Pour cela, il
faut d'abord que le roi regnant meure; ensuite que vous puissiez ecarter
le pretendant naturel et legitime, qui est Henri de Bourbon, roi de
Navarre; enfin, que vous puissiez eviter une guerre civile et regner
avec l'assentiment des parlements de Paris et des provinces. Tout cela
est-il juste?
--Parfaitement juste, madame!
--Je vais vous prouver, monsieur le duc, qu'aucun de ces evenements ne
peut arriver que par mon assentiment expres et que, si je le veux, vous
ne serez pas roi de France; que, si je le veux, vous serez traite comme
rebelle et soumis au chatiment qui frappe les rebelles en ce beau pays
de France... Je reprends point par point. Nous disons qu'il nous faut,
d'abord, la mort du roi regnant... Eh bien, si je veux, Henri de Valois
ne mourra pas. En effet, si je ne leur donne pas contrordre, deux
cavaliers vont partir a la pointe du jour, l'un pour Blois, l'autre pour
Nantes. Je vous le repete, ces deux cavaliers, si je ne les vois pas
moi-meme cette nuit, si je ne leur retire pas leurs missives, seront en
route dans quelques heures. Le premier porte au roi de France la preuve
que vous le voulez assassiner...
Guise grinca des dents; et, si son regard eut pu foudroyer Fausta, elle
fut tombee a l'instant.
--Le deuxieme, poursuivit Fausta imperturbable, est a destination de
Nantes, ou se trouve le roi de Navarre, avec douze mille fantassins,
six mille cavaliers et trente canons. Ma depeche le previent de vos
intentions et lui prouve qu'il n'y a qu'un moyen pour lui de conserver
la couronne a la mort de Henri III.
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