le recourait bien rarement, s'etudia
a effacer de son visage ravage jusqu'a la moindre trace de larmes.
Lorsqu'elle y fut parvenue, elle ecrivit une lettre qui fut aussitot
portee a l'hotel de Guise. Deux heures plus tard, le duc, de Guise etait
au palais de Fausta.
--Je vous ecoute, madame, dit le duc de Guise lorsqu'il eut pris place
dans le fauteuil que Fausta venait de lui designer. Mais, avant de
commencer ce grave entretien, peut-etre serait-il bon que je m'assure...
que nous sommes bien seuls.
Et Guise, d'un regard, fouilla non seulement les coins d'ombre amasses
au fond de la vaste salle presque funebre dans sa somptuosite, mais
aussi le visage de Fausta.
--Oui, dit celle-ci, vous vous souvenez d'un entretien que vous avez eu
avec la reine Catherine, ou vous vous etes cru bien seul, ou vous avez
dit tout ce que vous aviez sur le coeur... et vous pensez que peut-etre,
moi aussi, j'ai poste derriere un rideau quelque Sixte qui recueillera
vos paroles. Rassurez-vous. Nous sommes ici sous le regard de Dieu,
qui, seul, peut nous voir et nous entendre... Monsieur le duc, continua
Fausta, lorsque, voici trois ans de cela, vous vintes a Rome pour
implorer l'assistance de Sixte-Quint, Sa Saintete vous donna sa
benediction... moi, je vous donnai deux millions en vieil or un peu
bruni par le temps, mais qui n'en avait pas moins cours... Vous me
demandates alors ce que je voulais en echange, et je vous repondis:
"Plus tard, vous le saurez!..."
--C'est vrai, dit Guise en s'inclinant, et ma reconnaissance...
--Ne parlons pas de reconnaissance, duc; parlons de nos interets... Je
continue. A notre deuxieme entrevue, vous m'exposates vos esperances.
Vous vouliez etre roi!...
Guise palit et jeta autour de lui des regards inquiets.
--Nous sommes seuls, reprit Fausta, non sans une pointe de dedain et
d'impatience. Donc, vous vouliez etre roi. Et vous n'osiez pas!... Ce
que vous n'osiez pas faire, je l'ai fait!... Tous ces fils tenus de la
Ligue, je les ai rassembles. J'ai jete mes agents sur la France. En meme
temps, je vous montrais ce que coutait chaque homme, chaque devouement,
chaque pensee acquise; en sorte qu'avec les deux millions que je vous
ai remis a Rome vous savez maintenant que vous m'etes redevable de dix
millions...
--C'est vrai, dit Guise en passant une main sur son front.
--Par dix fois, par vingt fois, vous m'avez demande ce que j'exigeais en
retour. Je vous ai repondu: "Vous le saurez plus t
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