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Mais, dans cette rapide seconde ou l'eau bourdonnait dans ses oreilles,
ou ses vetements colles a son corps le paralysaient, et ou deja la
necessite de remonter respirer lui apparaissait imminente et terrible,
car, remonter a la surface, c'etait courir au-devant des balles, dans
cette seconde, disons-nous, ses mouvements devinrent desordonnes; de
tout son effort, il lutta a la fois contre le courant qui l'entrainait
et contre la poussee naturelle de bas en haut; il suffoquait; il
tournoyait sur lui-meme, pris dans le remous du fleuve venant se briser
a cette pointe de la Cite... Bientot, la respiration lui manqua... et il
etendit les bras, dans un dernier spasme...
Dans cet instant, il eprouva le violent tressaillement de l'homme qui va
mourir et qui entrevoit un moyen de salut... En effet, dans ce mouvement
supreme que ses bras venaient de faire sous l'eau, sa main crispee
venait de heurter quelque chose... il ne savait quoi... c'etait un
poteau enfonce dans le fleuve... Ses doigts raidis s'amarrerent a cette
chose, et, tout aussitot, il s'y cramponna... En meme temps, il se
laissa remonter, se glissant, et, grimpant le long de ce poteau ou de
cette poutre, et l'instant d'apres, toujours cramponne a la poutre, il
emergea...
Son premier regard fut pour chercher la fenetre d'ou il s'etait jete
et essayer une derniere defense... Mais il ne vit rien au-dessus de sa
tete... rien qu'un plancher de bois...
Pardaillan etouffa un rugissement de joie; il comprit que, dans la lutte
contre le courant, il s'etait jete sous la prison du palais Fausta! sous
cette piece ou il y avait un trou par ou Fausta faisait jeter dans l'eau
les cadavres des condamnes! Au meme moment, il apercut un treillis de
fer... la nasse ou il avait failli perir!...
Pardaillan se hissa le long de la poutre a laquelle il s'etait accroche,
sortit completement de l'eau, et s'assit sur la premiere bifurcation de
poteaux. Il etait sauve...
Du dehors, on ne pouvait le voir... Il entendait les cris de ceux qui le
cherchaient et a qui, naturellement, l'idee ne pouvait venir de remonter
le courant... En effet, peu a peu, les cris s'eloignerent. Pardaillan
eut alors un rire silencieux. Soudain, il fut frappe par une idee qui
lui traversait le cerveau.
En effet, il se doutait bien que la Seine allait etre surveillee dans
son cours et sur ses berges, et qu'il lui serait tres difficile de
s'eloigner du refuge ou il se trouvait. D'autre part, la pense
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