qu'il recoit. Cela tient moins encore a
son peu d'elevation qu'a l'inclinaison particuliere des montagnes qui y
versent leurs eaux. Placez-le dans une situation plus froide, _coeteris
paribus_, et avec le temps, l'eau se creusera un canal d'epuisement. Il en
est de ce lac comme de la mer Caspienne, de la mer d'Aral, de la mer
Morte. Non, mon ami, l'existence du grand Lac Sale ne contrarie pas ma
theorie. Autour de ses bords le pays est fertile; fertile a cause des
pluies dont il est redevable aux masses d'eau qui l'entourent. Ces pluies
ne se produisent que dans un rayon assez restreint, et ne peuvent agir sur
toute la region des deserts qui restent secs et steriles a cause de leur
grande distance de l'Ocean.
--Mais les vapeurs qui s'elevent de l'Ocean ne peuvent-elles venir
jusqu'au desert?
--Elles le peuvent, comme je vous l'ai dit, dans une certaine mesure;
autrement il n'y pleuvrait jamais. Quelquefois, sous l'influence de
quelque cause extraordinaire, telle que des vents violents, les nuages
arrivent par masses jusqu'au centre du continent. Alors vous avez des
tempetes, et de terribles tempetes! Mais, generalement, ce sont seulement
les bords des nuages qui arrivent jusque-la, et ces lambeaux de nuages
combines avec les vapeurs, resultant de l'evaporation propre des sources
et des rivieres du pays, fournissent toute la pluie qui y tombe. Les
grandes masses de vapeur qui s'elevent du Pacifique et se dirigent vers
l'est, s'arretent d'abord sur les cotes et y deposent leurs eaux; celles
qui s'elevent plus haut et depassent le sommet des montagnes vont plus
loin, mais elles sont arretees, a cent milles de la, par les sommets plus
eleves de la sierra Nevada, ou elles se condensent et retournent en
arriere vers l'Ocean, par les cours du Sacramento et du San-Joachim. Il
n'y a que la bordure de ces nuages qui, s'elevant encore plus haut et
echappant a l'attraction de la Nevada, traverse et vient s'abattre sur le
desert. Qu'en resulte-t-il? L'eau n'est pas plutot tombee qu'elle est
entrainee vers la mer par le Gila et le Colorado, dont les ondes grossies
fertilisent les pentes de la Nevada; pendant ce temps, quelques fragments,
echappes d'autres masses de nuages, apportent un faible tribut d'humidite
aux plateaux arides et eleves de l'interieur, et se resolvent en pluie ou
en neige sur les pics des montagnes Rocheuses. De la les sources des
rivieres qui coulent a l'est et a l'ouest; de la les oasis, semblables a
des parc
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