it que vous attendiez ma visite; je vous remercie de
n'avoir pas doute de moi.
--Comment aurais-je doute de vous, mon cousin! vous nous avez toujours
temoigne une grande amitie.
--Si je ne suis pas venu plus tot, c'est que je ne suis a Paris que
depuis deux jours, et je ne sais comment cette indiscretion a propos
de... (il entassait les mots avant que d'arriver a celui qui etait
decisif), a propos de ce mariage, a pu etre commise.
Elle ne repondit pas, et, comme il la regardait, elle leva la tete vers
le plafond, de sorte qu'il ne put pas voir l'effet que ce mot avait
produit sur elle.
Alors il reprit, decide a en finir tout de suite:
--En meme temps, mon oncle m'a communique une nouvelle qui le rend bien
heureux, celle de votre mariage.
--Il est vrai, dit-elle d'une voix presque ferme, je me marie, je me
suis rendue aux desirs de mon pere. Vous a-t-il dit quelles etaient ses
craintes et dans quelle position il se trouvait?
--Il me l'a dit.
--J'ai voulu qu'il n'eut pas au moins d'inquietude a mon egard, et,
puisque mon mariage doit le rassurer, je me marie.
--Vous etes un brave coeur, ma chere cousine, une bonne et tendre fille.
--Je ne suis pas la fille que vous croyez; car si je l'etais, je
n'aurais pas attendu jusqu'a ce jour pour contenter mon pere, qui
souhaitait si ardemment de me voir mariee.
De nouveau il s'etablit un silence, et il l'entendait respirer
difficilement; il eut voulu parler et il ne savait que dire, il n'osait
meme pas la regarder.
Ce fut elle, cette fois, qui reprit la parole la premiere.
--Vous souvenez-vous, dit-elle, du reve que vous m'avez fait vous
raconter, quand vous m'avez demande de vous expliquer quel mari je
prendrais: je voulais qu'il m'aimat comme je voulais l'aimer, et je
disais, n'est-ce pas, que je ne me marierais jamais, si je ne sentais
pas en moi ce grand amour. Comme on fait des projets quand on est petite
fille! comme on batit des chateaux qui sont peu solides!
--Oui, je me souviens, dit-il.
--Mais ce grand amour, c'est le reve, n'est-ce pas, c'est la poesie,
ce n'est pas la realite. Dans la vie, on se marie parce qu'on doit se
marier, et l'on peut etre une honnete femme, je pense, une bonne mere,
sans ces sentiments extraordinaires. Le pensez-vous aussi?
Sans repondre directement, il fit un signe affirmatif, car la gene qu'il
eprouvait deja en montant l'escalier lui devenait plus penible, et sa
conscience etait moins ferme.
--Je vous ai
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