e mieux,--puisqu'il n'y avait
pas moyen qu'elles fussent autrement.
--Au mariage de Therese, dit-il, a son bonheur et au votre, mon oncle!
Le dejeuner s'acheva plus joyeusement qu'il n'avait commence, au moins
pour le colonel, tranquillise dans sa conscience.
--Voulez-vous annoncer ma visite a ma petite cousine pour tantot, dit le
colonel a son oncle lorsque celui-ci se leva pour se retirer; je tiens
a lui prouver qu'elle avait devine juste en pensant que je voulais
moi-meme vous faire part de mon mariage.
--Et qu'appelez-vous tantot?
--L'heure de votre souper, et si vous le voulez bien, je vous demanderai
de partager ce souper avec vous.
Maintenant que Therese se mariait, le colonel n'avait plus la meme
gene a aller rue de Charonne; et puis elle connaissait son mariage, il
n'aurait donc pas a le lui annoncer.
Il arrive un peu avant l'heure du souper et ce ne fut pas sans une
certaine emotion qu'il monta l'escalier de son oncle.
Du palier, il n'entendit aucun bruit dans l'atelier, il poussa la porte
et entra.
L'atelier etait desert et sombre, il se dirigea vers la cuisine.
Mais dans l'obscurite, il accrocha un morceau de bois qui tomba et fit
du bruit.
--Qui est la? demanda une voix, celle de Therese.
Il allait repondre quand la porte s'ouvrit et Therese parut tenant une
lampe a la main.
--Ah! mon cousin, c'est vous! dit-elle.
C'etait la le mot dont elle le saluait autrefois, mais il lui sembla
qu'elle ne le jetait pas avec le meme eclat joyeux.
Ils resterent durant quelques secondes en face l'un de l'autre sans se
parler.
Enfin il s'avanca et lui tendit la main; elle lui donna la sienne.
Son aspect etait en accord avec son accent: tres pale, avec les yeux
ardents.
Le colonel crut remarquer qu'elle tremblait; mais, comme elle avait
pose sur la table la lampe, dont l'abat-jour etait pose tres bas, il la
voyait mal et seulement dans l'ombre.
--Mon pere n'est pas encore rentre, dit-elle; mais il m'a envoye un mot
pour m'avertir que vous veniez souper avec nous, ce qui est bien aimable
a vous. Alors, apprenant cela, Denizot a voulu vous servir un souper
digne de vous, a-t-il dit, et il est sorti pour cela. Mon oncle Sorieul
n'est pas non plus rentre, de sorte que je suis seule.
Le colonel remarqua qu'elle avait evite de nommer Michel; cependant,
en regardant sur la table qui etait mise, il vit six couverts, ce qui
indiquait que Michel devait souper avec eux.
--Mon oncle m'a d
|