uinze mille ne prenaient aucune part a l'evenement, et
se contentaient d'y assister l'arme au bras. Quelques bataillons devoues
de canonniers etaient ranges sous le commandement de Henriot, autour du
Palais-National. Ils avaient cent soixante-trois bouches a feu, des
caissons, des grils a rougir les boulets, des meches allumees, et tout
l'appareil militaire capable d'imposer aux imaginations. Des le matin on
avait fait rentrer dans Paris les bataillons dont le depart pour la Vendee
avait ete retarde; on les avait irrites en leur persuadant qu'on venait de
decouvrir des complots dont les chefs etaient dans la convention, et qu'il
fallait les en arracher. On assure qu'a ces raisons on ajouta des
assignats de cent sous. Ces bataillons, ainsi entraines, marcherent des
Champs-Elysees a la Madeleine, de la Madeleine au boulevard, et du
boulevard au Carrousel, prets a executer tout ce que les conjures
voudraient leur prescrire.
Ainsi la convention, serree a peine par quelques forcenes, semblait
assiegee par quatre-vingt mille hommes. Mais quoiqu'elle ne fut reellement
pas assiegee, elle n'en courait pas moins de danger, car les quelques
mille hommes qui l'entouraient etaient disposes a se livrer contre elle
aux derniers exces.
Les deputes de tous les cotes se trouvaient a la seance. La Montagne, la
Plaine, le cote droit, occupaient leurs bancs. Les deputes proscrits,
reunis en grande partie chez Meilhan, ou ils avaient passe la nuit,
voulaient se rendre aussi a leur poste. Buzot faisait des efforts pour se
detacher de ceux qui le retenaient, et aller expirer au sein de la
convention. Cependant on etait parvenu a l'en empecher. Barbaroux seul,
reussissant a s'echapper, vint a la convention pour deployer dans cette
journee un sublime courage. On engagea les autres a rester reunis dans
leur asile en attendant l'issue de cette seance terrible.
La seance de la convention commence, et Lanjuinais, resolu aux derniers
efforts pour faire respecter la representation nationale, Lanjuinais, que
ni les tribunes, ni la Montagne, ni l'imminence du danger, ne peuvent
intimider, est le premier a demander la parole. A sa demande, les murmures
les plus violens retentissent. "Je viens, dit-il, vous occuper des moyens
d'arreter les nouveaux mouvemens qui vous menacent!--A bas! a bas!
s'ecrie-t-on, il veut amener la guerre civile.--Tant qu'il sera permis,
Reprend Lanjuinais, de faire entendre ici ma voix, je ne laisserai pas
avilir dans ma per
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