, et qu'il s'agissait definitivement de leurs
personnes. Les uns conseillaient de rester fermes a leur poste, et de
mourir sur la chaise curule, en defendant jusqu'au bout le caractere dont
ils etaient revetus. Petion, Buzot, Gensonne, penchaient pour cette grave
et magnanime resolution. Barbaroux, sans calculer les resultats, ne
suivant que les inspirations de son ame heroique, voulait aller braver ses
ennemis par sa presence et son courage. D'autres enfin, et Louvet etait le
plus ardent a soutenir cette derniere opinion, proposaient d'abandonner
sur-le-champ la convention, ou ils n'avaient plus rien a faire d'utile, ou
la Plaine n'avait plus assez de courage pour leur donner ses suffrages, et
ou la Montagne et les tribunes etaient resolues a couvrir leurs voix par
des huees. Ils voulaient se retirer dans leurs departemens, fomenter
l'insurrection deja presque declaree, et revenir en force a Paris venger
les lois et la representation nationale. Chacun soutenait son avis, et on
ne savait auquel s'arreter. Le bruit du tocsin et de la generale oblige
les infortunes convives a quitter la table, et a chercher un asile avant
d'avoir pris une resolution. Ils se rendent alors chez l'un d'eux, moins
compromis que les autres, et non inscrit sur la fameuse liste des
vingt-deux, chez Meilhan, qui les avait deja recus, et qui habitait, rue
des Moulins, un logement vaste, ou ils pouvaient se reunir en armes. Ils
s'y rendent en hate, a part quelques-uns qui avaient d'autres moyens de se
mettre a couvert.
La convention s'etait reunie au bruit du tocsin. Tres peu de membres
etaient presens, et tous ceux du cote droit manquaient. Lanjuinais seul,
empresse de braver tous les dangers, s'y etait rendu pour denoncer le
complot, dont la revelation n'apprenait rien a personne. Apres une seance
assez orageuse et assez courte, la convention repondit aux petitionnaires
de l'Eveche, que, vu le decret qui enjoignait au comite de salut public de
lui faire un rapport sur les vingt-deux, elle n'avait pas a statuer sur la
nouvelle demande de la commune. On se separa en desordre, et les conjures
renvoyerent au lendemain matin l'execution definitive de leur projet.
La generale et le tocsin se firent entendre toute la nuit du samedi au
dimanche matin, 2 juin 1793. Le canon d'alarme gronda, et toute la
population de Paris fut en armes des la pointe du jour. Pres de
quatre-vingt mille hommes etaient ranges autour de la convention, mais
plus de soixante-q
|