est parce que tu as produit sur lui une profonde
impression; c'est parce qu'il t'aime, je te rapporte ses propres
paroles.
--Rapporte-moi aussi celles qui s'appliquent a la fortune.
--Pourquoi cette defiance?
--Parce que je ne veux epouser qu'un homme qui m'aimera, et qui ne
cherchera pas une affaire dans notre mariage. C'est bien le moins que
notre fortune me serve a me payer ce mari-la.
--Precisement, le baron me parait etre ce mari.
--Alors repete.
Si tu veux vivre a la campagne, son revenu, qui est d'une quarantaine de
mille francs, lui permet de t'assurer une existence facile, sinon large
et heureuse. Mais si la campagne ne te suffit pas, et si tu veux Paris
une partie de l'annee, c'est a nous de te donner une dot, celle que nous
voudrons, qui te permette de faire face aux depenses de la vie
parisienne pendant trois mois, six mois, le temps que tu fixeras
toi-meme d'apres ton budget. La-dessus il s'en remet a toi, et a nous.
Est-ce le langage d'un homme qui cherche une affaire? Je te le demande.
Au lieu de repondre, elle continua ses questions:
--De loin je vous observais de temps en temps, et j'ai vu qu'il parlait
beaucoup, tandis que toi, tu ecoutais; cependant tu as dit quelque
chose.
--Sans doute.
--Qu'as-tu dit?
--Que je devais consulter ta mere, et que je devais te consulter
toi-meme.
--Je pense qu'il a trouve cela juste.
--Parfaitement. Cependant il a insiste, sinon pour avoir une reponse
immediate, au moins pour arranger les choses de facon a ce que cette
reponse ne soit point dictee par la seule inspiration. Pour cela il
demande que nous allions passer quelquefois la journee du dimanche a
Biarritz, ou nous le rencontrerons, comme par hasard, et vous pourrez
vous connaitre. Ce sera seulement quand cette connaissance sera faite,
que tu te prononceras.
--As-tu accepte cet arrangement?
--Il aurait dependu de moi seul que je l'aurais accepte, car il me
parait raisonnable, Biarritz etant un terrain neutre ou l'on peut se
voir, sans que ces rencontres plus ou moins fortuites aient rien de
compromettant qui engage l'avenir; cependant cette fois encore j'ai
demande a vous consulter, ta mere et toi. Pouvais-je promettre d'aller a
Biarritz, si au premier mot tu m'avais dit que le baron t'etait
repulsif?
--Il ne me l'est pas; et je suis disposee a croire comme toi que la dot
n'est pas ce qu'il cherche dans ce mariage.
--Alors?
--Je ne demande pas mieux que d'aller a Biarritz
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