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doigts maintenant s'incrustaient dans la gorge du gnome. Un silence
profond regna dans le boyau. On n'entendait que les deux rales, celui du
monstre et celui de Catho.
--Grace! dit l'homme, stupide d'epouvante devant tous ces visages de
femmes.
--Ou sont-ils? rala Catho.
--La! fit le gnome.
--Ouvre! Ouvre! Ou tu es mort!
Elle parlait bas, bredouillait plutot, comme ivre. Le monstre etendit le
bras et montra un fort bouton de metal qui, a cinq pieds au-dessus de la
manivelle, bosselait le mur.
Catho lacha le gnome et bondit.
Son poing ferme se mit a marteler a grands coups le bouton de fer.
Mais, des le premier coup, un declic avait retenti, La porte de fer
s'ouvrit.
Et alors, deux hommes, deux fantomes, livides, les yeux elargis par
l'etonnement infini, les levres retroussees par le rictus des epouvantes
surhumaines, apparurent...
--Sauves! hurla Catho dans un eclat de rire effrayant.
Presque aussitot, les sanglots firent explosion sur ses levres.
--Sauves!...
--Catho!...
Ce cri eclata en meme temps, pousse par les deux hommes.
Un instant, ils demeurerent comme petrifies devant le boyau empli de
femmes qui maintenant riaient, battaient des mains, se felicitaient,
jacassaient, pleuraient.
Alors, ils comprirent!
Leur imagination, prompte comme la foudre, reconstitua l'epopee: Catho
soulevant les ribaudes et les truandes pour envahir le Temple, et la
bataille, et la ruee a travers les sombres couloirs; et ils comprirent
pourquoi, au moment de se frapper, ils avaient entendu de sourdes
rumeurs, pourquoi le plafond s'etait arrete net pourquoi la porte
s'etait ouverte, pourquoi ils etaient vivants, libres, hors
l'epouvantable cauchemar de la mecanique de fer!...
D'un bond, ils furent pres de Catho.
D'un meme mouvement, ils tomberent a ses genoux et chacun d'eux,
saisissant une de ses mains, y deposa un long baiser.
Catho, appuyee au mur, se laissait faire, comme si elle eut compris que
cet hommage, venant de pareils hommes, etait la suite toute naturelle du
reve de son ame simple, violente et douce.
Le gnome, le monstre, en sautillant sur ses iambes torses, s'etait
faufile, avait fui, effare.
Dans l'etroit couloir, le silence s'etait retabli, et on entendait
seulement la sourde rumeur qui venait du monde des vivants en train
d'accomplir la grande hecatombe.
Le vieux Pardaillan, le premier, sortit de cette extase qui les avait
fait tomberai genoux devant Catho.
Il se
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