qui
avait saute, du haut de cette muraille, disons-nous, un bloc de pierre
avait roule, s'etait abattu au milieu de la cour, ecrasant trois ou
quatre hommes...
Tous, ayant leve la tete, apercurent a travers les tourbillons de fumee
deux hommes, debout, deux etres etranges qui marchaient sur l'arete de
la muraille branlante...
Et, aussitot apres le premier bloc, un deuxieme tomba, roula, ecrasa,
traca un large sillon sanglant, puis un autre, et un autre encore, sans
arret!... Cela pleuvait!
Quelle panique! Quels hurlements de rage et d'epouvante!
Vingt secondes apres la chute du premier bloc, il n'y avait plus dans
la cour de l'hotel que des cadavres et des blesses aux membres
fracasses!...
Et, la-haut, sur l'infernale muraille, les deux etres fabuleux, entoures
de fumee et de poussiere, noirs, etincelants, rouges, dechires,
flamboyants, les deux Pardaillan eclataient d'un rire terrible!...
La muraille sur laquelle se trouvaient le chevalier de Pardaillan et
le vieux routier dominait l'hotel central, c'est-a-dire que les deux
epiques travailleurs etaient plus haut places que le toit.
Il leur eut ete facile de sauter sur ce toit, de gagner la premiere
lucarne et de descendre par le grenier.
C'est ce que le vieux routier avait fait remarquer a son fils sur le
premier moment, c'est-a-dire lorsque, s'etant penches, ils reconnurent
qu'ils avaient abouti a l'hotel Montmorency.
Le chevalier secoua frenetiquement la tete. Il montra le marechal debout
entre ses deux derniers compagnons, et, derriere lui, Loise. Et il
gronda:
--Si elle meurt, c'est la tete la premiere que je descendrai!...
--Enfer! rugit le vieux, avoir tenu tete a Paris tout entier! Et venir
te tuer ici!...
Il s'etait croise les bras et frappait furieusement du talon.
Sous ces coups, une pierre a moitie descelle se detacha, tomba dans le
vide... d'en bas, une clameur de stupefaction, de rage et de terreur
monta jusqu'a eux...
--Tiens! tiens! fit simplement le vieux routier. Mais ca ecrase, ca!...
--A l'oeuvre! rugit le chevalier.
Ils se baisserent tous deux; leurs deux dagues attaquerent un bloc,
firent levier, une poussee precipita le bloc dans le vide et, en bas,
une large trouee se fit dans la foule des reitres.
Des lors, ils ne regarderent plus.
Chacun travailla de son cote; la grele de pierres se mit a pleuvoir;
piece par piece, ils demantelaient la muraille. Ils etaient aussi fermes
sur l'etroite corniche que sur l
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