t rouge! Ces bras etaient rouges! Rouges de sang!...
Catherine eut un recul terrible et ferma les yeux.
Deux secondes, un silence mortel pesa sur cette scene.
D'un rale plus rauque, d'une voix plus rude, Charles repeta son cri:
--Du sang!...
Et, tout a coup, sa bouche se convulsa, ses levres se crisperent, et son
rire, le rire terrible, le rire funebre qui jetait l'epouvante dans les
ames, ce rire semblable a un hurlement grinca, fusa, eclata, se gonfla,
toujours plus fort, toujours plus sinistre...
Soudain, Charles se renversa... Mort!...
La reine se pencha, posa sa main sur la poitrine de Charles. Et cette
main devint toute rouge.
Alors, lentement, elle se releva, se tourna vers le duc d'Anjou, livide,
et, d'une etreinte farouche de sa main sanglante, elle empoigna la
main de son fils bien-aime, la main d'Henry d'Anjou... et, d'une voix
eclatante, d'une clameur de triomphe qui s'entendit au loin, cria:
--Messieurs!... Vive le roi!...
XLIX
LE PRINTEMPS DE MONTMORENCY
Revenant de vingt et un mois en arriere, nous reprenons nos heros au
point ou nous les avons laisses, c'est-a-dire entrant au chateau de
Montmorency, a l'aube du 25 aout 1572.
On n'a peut-etre pas oublie qu'apres son enquete a Margency, enquete qui
etablissait d'une maniere eclatante l'innocence de Jeanne de Piennes,
le marechal avait commande a son intendant d'amenager toute une aile du
chateau pour deux princesses qu'il comptait heberger. C'est dans cette
partie du chateau que furent installees Loise et Jeanne de Piennes.
Le marechal voulait entreprendre de sauver la raison de celle qu'il
avait adoree, qu'il adorait encore, et il imaginait de frapper vivement
l'esprit de la pauvre folle en la conduisant un jour a Margency...
Mais, un devoir plus immediat sollicita son courage et son devouement.
A peine Jeanne et sa fille furent-elles installees qu'il fit sonner
le tocsin du manoir. Il ordonna a son capitaine d'armes de fermer les
portes, de lever les ponts-levis, de faire couler dans les fosses les
eaux qui en etaient detournees en temps de paix, de faire charger les
vingt-quatre pieces d'artillerie, d'armer en guerre les quatre cents
hommes de la garnison, enfin, de tout preparer pour soutenir au besoin
un long siege.
En meme temps, il envoyait des estafettes dans plusieurs directions.
Francois de Montmorency eut un entretien avec le chevalier de
Pardaillan. Les dernieres resolutions y furent prises.
Le 25 aou
|