t 1572, vers trois heures, il y avait pres du chateau deux
mille quatre cents cavaliers bien montes, bien armes. Ce corps de
cavalerie fut divise en deux brigades, fortes chacune de douze cents
hommes.
Le marechal prit le commandement de l'une; Pardaillan fut mis a la tete
de l'autre.
Puis, chacun d'eux s'elanca dans une direction differente; et ces deux
hommes, qui laissaient derriere eux tout ce qu'ils aimaient au monde,
partirent sans regrets apparents pour remplir un devoir d'humanite.
Le marechal s'elanca vers Pontoise; de la, il battit le pays jusqu'a
Magny, puis poussa droit au nord et arriva jusqu'a Beauvais. Partout ou
il passait, il rassemblait ceux qui etaient en etat de porter les armes,
leur parlait fortement, leur racontait les horreurs de Paris, et enfin
les decidait a s'opposer, les armes a la main, a toute tentative de
massacre.
La ou les ordres de Catherine etaient deja arrives, la ou on commencait
a tuer, il fondait tout a coup sur les massacreurs, faisait jeter en
prison les plus enrages et decretait que tout homme pris a violenter,
molester ou piller, serait pendu haut et court, sans proces.
Pendant un mois, il battit la campagne, inspirant partout une terreur
salutaire aux trop fervents catholiques.
Pardaillan operait de son cote. mais avec plus de fougue encore et de
rapidite. Pendant deux mois, il ne laissa pas un point inexplore dans
les pays qu'il traversa.
De L'Isle-Adam, ou il se dirigea tout d'abord, Pardaillan bondit jusqu'a
Luzarches; de la, il remonta a Senlis, traversa Crepy, allant, revenant,
courant a l'est, a l'ouest, entra en coup de foudre a Compiegne et
poussa jusqu'a Noyon dans une course audacieuse.
Alors, obliquant a gauche, il redescendit sur Montdidier, et, par
Crevecoeur, gagna enfin Beauvais ou le marechal avait etabli ses
quartiers.
Cette campagne, faite de marches et de contre-marches, avait dure trois
mois.
Grace donc au marechal de Montmorency et au chevalier de Pardaillan,
toute cette province fut exempte des horreurs qui s'abattirent sur
presque tout le reste du royaume.
Au bout de ces trois mois, le calme s'etait completement retabli. Mais
le marechal, pendant un mois encore, promena sa petite armee pour
achever d'intimider les forcenes.
Ce ne fut que le soir du 29 decembre par un temps de neige, que le
marechal rentra dans son manoir. Le 6 janvier, il licencia son armee.
L'hiver s'ecoula paisiblement.
Le mariage de Pardaillan et de Lo
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