ise avait ete fixe au mois d'avril, sur
la priere de Francois.
Pendant la campagne du marechal et du chevalier, la sante de Jeanne
de Piennes avait acheve de se retablir. Sa beaute etait redevenue
eclatante; toute paleur avait disparu; cette ombre de melancolie, qui
couvrait son visage a l'epoque ou on l'appelait encore la Dame en noir,
s'etait dissipee. C'etait dans ses yeux et sur ses levres un soupir de
bonheur.
Helas! ce bonheur n'etait qu'un reve!
C'est a son reve que souriait la pauvre demente...
Quant a Loise, la blessure qu'elle avait recue de Maurevert sur la
colline de Montmartre s'etait cicatrisee moins promptement qu'on
n'aurait pu s'y attendre, il est vrai; mais enfin, lorsque le marechal
et le chevalier etaient rentres au chateau, il n'y avait plus qu'une
legere trace rosee indiquant que Loise avait ete frappee la.
Sa sante, a elle aussi, s'etait retablie. Elle avait meme pris une bonne
mine qu'elle n'avait jamais eue. L'incarnat de ses levres, l'animation
extraordinaire de son teint etonnerent le marechal. Il est vrai que,
parfois, elle devenait soudain d'une paleur mortelle et se mettait
a grelotter; mais cela durait deux minutes, et ne pouvait paraitre
alarmant.
En meme temps, le caractere de la jeune fille se transformait.
Elle avait toujours ete un peu melancolique; elle devint d'une gaiete
dont les eclats, par moments, amenerent de soudaines epouvantes dans
l'ame du chevalier.
Seulement, lorsqu'elle etait seule, elle croisait quelquefois ses mains
sur sa poitrine, et murmurait:
"J'ai la un feu qui me brule, et lentement me consume..."
Le 25 avril, devant toute la seigneurie de la province, tandis que les
cloches de Montmorency sonnaient, et que les canons faisaient entendre
des salves joyeuses, le contrat de mariage fut signe dans la grande
salle d'honneur du chateau.
La veille, le marechal dit a Pardaillan:
--Mon cher fils, voici les lettres et documents qui vous font maitre
et seigneur du comte de Margency... Prenez-les comme un gage de mon
affection et de ma gratitude...
--Monseigneur, c'est un souvenir de tendresse et d'admiration que
je veux offrir a celui qui fut mon maitre, et me legua le nom de
Pardaillan. Pauvre, sans sou ni maille, sans terres, n'ayant pour tout
bien au monde que ce nom, je desire, en m'unissant a l'ange que vous me
donnez, m'appeler seulement le chevalier de Pardaillan... Plus tard,
monseigneur, il conviendra peut-etre que je m'appelle le comt
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