Charles qui, deux jours avant cette scene, l'avait nomme
gouverneur d'Orleans.
Orleans! le pays natal de Marie Touchet!
Que revait donc Charles IX?... Nous allons le savoir.
A neuf heures la porte de la chambre s'ouvrit et Marie Touchet parut.
Elle portait son enfant dans ses bras. Une joie intense brilla dans les
yeux du roi. Marie deposa l'enfant dans les bras de la vieille nourrice
de Charles et s'avanca vers le roi. Elle avait bien maigri. Elle etait
bien palie. Mais elle etait toujours belle de cette beaute douce et
comme effacee qui etait son grand charme.
En voyant les ravages que le mal avait faits sur la figure du roi depuis
sa derniere visite, elle ne put retenir ses larmes. S'asseyant, elle
prit son amant sur ses genoux comme elle faisait dans leur maison de la
rue des Barres, et elle l'etreignit sans pouvoir prononcer une parole.
Cette fois, ce fut Charles qui s'efforca de consoler Marie. Il semblait
avoir repris une derniere lueur d'energie.
--Marie, ecoute-moi... je suis condamne, je vais mourir, demain, dans
quelques jours, aujourd'hui peut-etre...
--Charles, mon bon Charles, tu ne mourras pas! Ce sont les regrets qui
te donnent ces tristes idees!... Ah! maudits soient ceux qui t'ont
conseille, et que ce sang verse retombe sur leur tete...
--Non, Marie! Je suis perdu, je le sais! Peut-etre a ta prochaine visite
ne me trouveras-tu pas. Ne pleure pas. Ecoute-moi. Je veux que tu sois
heureuse encore et que tu vives... ne fut-ce que pour apprendre a cet
enfant a ne pas execrer ma memoire...
--Charles! Tu me dechires le coeur!...
--Je sais, mon doux ange bien-aime... il le faut pourtant. Je t'ai
appelee ce matin pour te donner mes dernieres instructions, mes
ordres... Oui, s'il le faut, ce seront les ordres de ton roi!...
--Charles! mon amant! mon roi! ta volonte m'est sacree!...
--Donc, pour la tranquillite de mes derniers jours, pour toi, ma chere
Marie, et aussi pour ce pauvre innocent, tu vas me jurer de m'obeir
par-dela ma mort...
Elle se prit a sangloter et, esperant le calmer, repondit:
--Je te le jure, mon bon sire.
--Tres bien, dit le roi. Je te sais femme a tenir parole, meme quand tu
sauras ce que je vais te demander. Ecoute, Marie. Quand je serai mort,
si tu es seule, tu seras en butte a mes ennemis qui voudront te faire
payer le seul bonheur que j'aie connu en ce monde...
--Qu'importe! s'ecria la jeune femme, alarmee par ce qu'elle prevoyait.
J'aime mieux souffr
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