s! dit le vieux Pardaillan, livide d'horreur.
Il avait enlace son fils de tout son effort pour l'empecher de se ruer
sur Pezou.
Ils s'orienterent et reprirent leur chemin, piquant droit sur l'hotel
Montmorency.
Et, comme ils avaient gagne du terrain, comme ils se rapprochaient de la
Seine, ils furent saisis dans un autre tourbillon, se trouverent
soudain au milieu d'une foule, et, accroches l'un a l'autre, ballottes,
entraines, refluerent jusqu'a l'entree de la rue Saint-Denis, et,
regardant autour d'eux, se virent dans la cour d'une belle maison; a
l'interieur, on entendait des cris d'agonie, la foule battait des mains
et vociferait...
--Bravo, Cruce! Bravo, Cruce! Taiaut! Pille La Force!...
C'etait en effet la maison du vieux huguenot La Force.
La, ce fut vite fait. Au bout de trois minutes on n'entendit plus
de cris d'agonie; tout avait ete massacre. serviteurs, servantes,
maitres...
La foule partit, entrainee par les lieutenants de Cruce, allant plus
loin chercher de nouvelles autres victimes... la cour se trouva libre.
--Fuyons! repeta le vieux Pardaillan.
--Entrons! dit le chevalier.
S'engouffrant dans un large escalier, ils parvinrent dans une grande
belle salle ravagee en partie. Au milieu de ce salon, il y avait cinq
cadavres en tas, les uns sur les autres.
Deux hommes s'occupaient avec une farouche tranquillite a fracturer une
armoire. C'etait Cruce et l'un de ses fideles.
Ils defoncerent les tiroirs et commencerent a emplir leurs poches.
Puis ils coururent aux cadavres, le vieux La Force ayant encore au cou
un collier de grand prix.
Ils se pencherent... Cruce saisit le collier, son compagnon arrachait
les oreilles d'une femme pour avoir les diamants des boucles.
--En route, maintenant, dit Cruce...
Comme ils allaient se relever, ils tomberent tous deux en meme temps, la
face sur les cadavres.
Le chevalier avait assomme Cruce d'un coup de poing a la tempe; le vieux
Pardaillan avait fracasse le rrane de l'autre d'un coup de crosse de
pistolet.
Les deux bandits ne pousserent pas un cri. Ils se debattirent un instant
dans les spasmes de l'agonie...
Les Pardaillan redescendirent alors et, dans la rue, reprirent leur
course, rasant les maisons, tachant d'eviter les feux de joie et les
bandes de carnassiers.
Ou etaient-ils? Ils ne savaient pas.
Quelle heure? Ils ne savaient pas.
Seulement, le soleil etait haut dans le ciel, brillant d'un eclat
paisible au-dessus de
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