laquelle s'ouvrait la grande porte du Temple, il y
avait un poste. Quarante soldats y dormaient; la Roussette s'approcha
de la porte massive et la ferma a double tour: les soldats ne pouvaient
plus sortir, les fenetres etant grillees!
Alors elles coururent ouvrir la porte basse ou Catho devait entrer.
Malheureusement, il y avait un deuxieme poste. Outre ce deuxieme poste,
il y avait les geoliers, les sentinelles.
Un officier, qui faisait sa ronde, se heurta dans une cour a l'armee des
ribaudes.
Au bruit de la decharge et de la bataille qui commencait, les soldats du
deuxieme poste, qui n'etaient pas enfermes, accoururent. Les geoliers
s'habillerent en hate et descendirent. Les sentinelles se replierent sur
le champ de bataille... En voyant le Temple envahi par cette legion de
mendiantes hurlantes et vociferantes, ils crurent d'abord a une vision
de cauchemar. Mais les coups pleuvaient. Ces femmes en guenilles
frappaient et leurs coups portaient...
Pendant quelques minutes, ce fut, dans la cour, un vacarme effrayant que
couvrait le tumulte dechaine sur Paris.
Une vingtaine de truandes et ribaudes gisaient sur le sol. Mais autant
de soldats etaient tombes.
Elles bondissaient, poussaient des cris assourdissants, rouges de
sang, les cheveux epars, sorcieres en delire: enivrees par le sang,
enfievrees, furieuses, hagardes; les soldats pliaient, se debandaient,
on n'entendait plus que des plaintes sourdes, de rauques imprecations
et, finalement, un grand hurlement de triomphe eclata.
Les derniers soldats ou geoliers survivants s'etaient precipites dans
un couloir dont ils pousserent la porte affoles terrorises par cette
irruption inouie de megeres endiablees. Seuls, un officier, un sergent
et un soldat demeurerent dans un coin.
--En avant! rugit Catho.
Elle avait recu trois coups de dague. Elle haletait elle etait comme une
panthere blessee qui cherche sur quel ennemi elle va fondre.
Elle chercha des yeux la Roussette et Paquette: elles venaient de
tomber, blessees--mortellement peut-etre.
Alors Catho eut une malediction terrible. Elle saisit les clefs que la
Roussette tenait dans sa main crispee et, livide, sanglante, echevelee,
courut au groupe des trois prisonniers.
--Ou est le chevalier de Pardaillan? demanda-t-elle au soldat.
--Je ne sais pas! dit le soldat.
Catho leva sa dague et frappa un seul coup. Le soldat tomba comme une
masse.
--Conduis-moi! reprit-elle haletante en s'adressant
|