s de Versailles.
Quinault lui-meme, un des grands amuseurs de ces beaux lieux, celui qui
presidait, avec Corneille et Moliere, aux _fetes de l'Ile enchantee_,
a l'inauguration de Versailles, il est mort, repentant de toutes ses
belles comedies.
A son tour, Lebrun, le peintre fameux a qui la grande galerie de
Versailles devait son plus riche ornement, il disparait de la scene du
monde, et le roi n'a pas un mot pour son peintre ordinaire.
Mais l'etonnement redouble a la mort de Mme la duchesse de Schomberg.
Peu de gens se souviennent, dans ces domaines de l'oubli, que cette
aimable duchesse de Schomberg avait ete le chaste amour de Louis XIII;
qu'elle pouvait jouer un grand role a la cour d'un roi si timide, et
qu'elle s'en etait effacee, heureuse de sauver sa bonne renommee, et de
ne pas laisser un remords a ce jeune roi qui l'aimait. Pourtant, la cour
entiere etait partagee, au moment de la mort de Mme de Schomberg, entre
Mme de Montespan declinante et Mme de Maintenon qui grandit chaque jour.
Au dernier Marly, Mme de Montespan, se voyant seule, avec un triste
sourire, disait au roi: Me voila pourtant reduite a divertir
l'antichambre!" et des larmes soudaines envahirent ses grands yeux
pleins d'eclairs.
Chaque jour, comme on voit, amenait sa curiosite, grande ou frivole.
Aujourd'hui, Despreaux prononce un discours a l'Academie, et le roi lui
sait bon gre de ses belles paroles.
Huit jours apres, le roi est a Chambord avec Moliere, charge du
_divertissement_. On vient dire au roi que le _bonhomme_ Corneille est
mort la veille, et le roi qui le laissait mourir de faim, ne s'inquiete
guere du poete, imperissable honneur du grand siecle.
Le meme jour, disparait le _bonhomme_ Mignard, presque centenaire. Il
etait premier peintre du roi. Toutes les gloires et toutes les
beautes du siecle de Louis le Grand avaient pose devant l'infatigable
artiste.--On perdit, le meme soir, M. Nicole, un des grands ecrivains de
Port-Royal, le digne ami de M. Arnauld. Vous trouverez dans toutes les
lettres de Mme de Sevigne le nom austere et charmant de M. Nicole. A
toutes les graces d'un ecrivain tres eleve, il unissait l'accent meme et
la foi d'un chretien. Tres bonhomme, il disait un jour a M. Arnauld, qui
lui proposait un grand travail:
--Mais enfin, Monsieur, je voudrais bien me reposer avant de mourir!...
--Y pensez-vous, Monsieur, s'ecriait M. Arnauld, vous avez toute
l'eternite pour vous reposer!
Courageuse et fie
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