leurs trompettes et leur eclatante fanfare semblait annoncer
la venue de quelque roi tout-puissant.
Derriere eux venaient les gardes particuliers de Henri de Guise,
somptueusement vetus de drap d'or, portant a l'epaule d'etincelantes
hallebardes, le capitaine des gardes et les officiers a cheval.
Et, enfin, seul dans un large espace laisse vide, monte sur un
magnifique alezan aux naseaux de feu, vetu de soie blanche, le manteau
cramoisi sur les epaules, le duc de Guise apparaissait, soulevant sur
son passage une longue rumeur de vivats.
Derriere lui, la foule de ses gentilshommes, avec des costumes de
parade etincelants de broderie, passait clans un cliquetis d'eperons et
d'epees.
Henri de Guise et ses gentilshommes mirent pied a terre et prirent place
aussitot sur les sieges de l'echafaud eleve en face des deux buchers,
et presque au meme instant, au loin, du fond de la rue Saint-Antoine,
arriverent en rafales sinistres des mugissements sourds, et c'etait des
cris de haine et de mort... c'etait les deux condamnees qu'on allait
livrer a la justice du peuple et qu'on amenait au supplice...
Alors Belgodere regarda la grande horloge de l'hotel des prevots: elle
marquait bientot dix heures!... Il marcha vers la maison que lui avait
signalee Fausta, heurta rudement. La porte s'ouvrit aussitot. Un
serviteur vetu de noir apparut et, avant que le bohemien eut ouvert la
bouche, demanda:
--Vous venez de la part de la princesse Fausta? Entrez! Monseigneur se
meurt d'angoisse a vous attendre!
Deja le serviteur l'entrainait, le bohemien se trouva devant l'entree
d'une vaste piece a demi obscure. Il ecarquilla les yeux et vit le
prince Farnese qui, les traits bouleverses, venait a sa rencontre. Puis,
il gronda dans une sorte de rugissement de joie furieuse:
"Il est la!..."
Il!... C'etait Claude!...
Oui, Claude etait la. Depuis le pacte qu'ils avaient signe, le prince
Farnese et maitre Claude, le cardinal et le bourreau, se voyaient a
tout moment, unis dans une commune pensee: tuer Fausta qui avait tue
Violetta.
Lorsque Farnese eut recu, dans la nuit qui venait de s'ecouler, la
lettre de Fausta qui lui annoncait que sa fille etait vivante, Claude se
trouvait pres de lui. Le reste de cette nuit fut pour les deux hommes
une effroyable serie d'angoisses.
Lorsque le jour se leva et filtra a travers les volets fermes, ils se
virent si changes, si pitoyables avec des visages empreints d'une telle
angoisse, qu'il
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