u!... Enfin, denue d'argent, une occasion s'offre a lui de saisir
le tresor qui lui permettra de conquerir le royaume; renseignee par mes
espions, je le lui indique. Il n'a qu'a le prendre... et, au moulin de
la butte Saint-Roch, il se fait jouer comme un enfant!
Fausta ferma tout a fait les yeux. Elle murmura:
--Il est vrai que, sur la place de Greve et a la butte Saint-Roch, Guise
a eu affaire a forte partie... Pourquoi le duc de Guise n'a-t-il pas
l'ame d'un Pardaillan?...
Alors, comme si le secret qu'elle portait au coeur l'eut etouffee, elle
reprit d'une voix qui tremblait presque:
--Le veritable chevalier des heroiques entreprises, ce n'est pas un
Guise a l'armure etincelante ou au pourpoint de satin... Je l'ai vu, le
vrai chevalier. Qui est-il?... Oh! que ne donnerais-je pas pour le mieux
connaitre, pour penetrer sa vie, comprendre sa pensee... etre enfin...
La Fausta s'arreta soudain. Son visage palit et les ongles de ses mains
s'incrusterent dans les paumes, en l'effort qu'elle fit pour dompter son
emotion. Mais Claudine avait vu, entendu... et elle avait devine...
--Folie! murmura Fausta. Je n'ai pas de coeur...
--Pourquoi, ma Souveraine? s'ecria Claudine palpitante. Reine
toute-puissante, pourquoi ne seriez-vous pas femme?...
--Parce que, dit la Fausta, en reprenant toute sa majeste, je ne veux
pas etre dominee par un homme...
--Ah! madame, c'est un maitre d'une bien douce puissance que l'Amour!...
--L'Amour! balbutia Fausta en tressaillant.
Elle baissa la tete et une larme brulante gonfla ses paupieres. Mais
cette larme s'evapora et, lorsqu'elle releva la tete, son visage avait
repris toute sa serenite.
--Voila donc ou nous en sommes, continua-t-elle simplement. Guise a
recule de dix ans en ces quelques jours et Farnese, pierre angulaire de
mon edifice, Farnese m'echappe!... Voyons donc cette Saizuma... puisque
vous croyez avoir decouvert...
L'abbesse frappa dans ses mains. Une porte s'ouvrit et une religieuse
parut:
--Qu'on amene la bohemienne, dit Claudine.
XXIII
LE SPECTRE
Maitre Claude, laissant le prince Farnese dans le pavillon, s'etait
eloigne en traversant le potager.
Claude connaissait sans doute les etranges moeurs de ce couvent qui
etait une exception. Il ne semblait prendre aucun soin de se cacher.
Ayant traverse le potager, il passa sous une voute et, la, se rencontra
avec une jeune et jolie fille au costume laique et quelque peu sommaire.
Et, cette
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