ese... C'est lui que je conquis le
premier, et c'est lui qui, le premier, m'abandonne!...
--Quoi! madame... le cardinal Farnese!...
--Un soir, reprit Fausta sans repondre, Farnese vint me chercher dans
mon palais. Il connaissait mon reve... Il me temoignait une sorte
d'admiration... Ce soir-la, donc, nous sortimes de Rome et penetrames
dans les Catacombes. Arrives a un vaste carrefour eclaire de torches, je
vis les vingt-trois revetus de leurs simarres...
--Voici celle que vous savez, dit Farnese. Voici celle qui peut nous
sauver...
--Alors, les vingt-trois m'entourerent. Je ne tremblai pas devant ce que
j'entrevis a l'instant et j'acceptai leur terrible proposition. Alors,
l'un d'eux, le plus vieux, passa a mon doigt cet anneau...
Fausta allongea la main et montra l'anneau.
--Je me mis a l'oeuvre, continua Fausta. J'ai bouleverse l'Italie dont
presque tous les eveques sont prets a me reconnaitre. J'ai bouleverse la
France, parce que son roi, aux premieres ouvertures de Farnese, haussa
les epaules. Ce roi, je l'ai fait chasser. J'en ai choisi un autre...
--Il me semble, dit timidement Claudine, que les evenements se deroulent
bien selon vos plans...
--Voila ce qui me deroute! Les apparences sont telles qu'elles depassent
mes previsions, et, sous ces evenements, s'en trouvent d'autres qui
m'arretent... Les cardinaux du conclave secret ont peur. Farnese vient
de m'abandonner...
--Mais, Guise! Guise!
--Guise s'est reconcilie avec la duchesse!... Je la tenais, pourtant...
Je l'ai envoyee, esperant qu'elle aurait assez d'audace pour se
representer une fois encore a l'hotel de Guise, et qu'alors... Mais elle
a eu l'audace prevue, elle a vu son mari... et le mari a pardonne!
Claudine de Beauvilliers reprima un sourire.
--Guise, reprit Fausta, Guise qui passe pour le type accompli de
l'energie violente, Guise n'est vraiment admirable que dans la bataille.
Mais, une fois le casque et la cuirasse deposes, j'apercois dans Guise
ce qu'il est en realite: une belle statue qui, parfois, a un geste
violent, mais qui n'est capable ni de haute pensee, ni de ferme
resolution... Oui, il a pardonne a la duchesse de Guise et ceci m'a
deroutee. Il a laisse sortir de Paris trois mille hommes que ce Crillon
a conduits a Henri de Valois. Il a parle a Catherine de Medicis, et
quelques mots de la vieille Florentine ont suffi pour faire crouler
l'echafaudage de resolutions que j'avais lentement eleve dans ce faible
cervea
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