uelle magnifique recompense j'eusse trouvee pour vous! Qui sait meme
si un miracle ne vous eut rendu celle que vous pleurez!...
--Reves insenses! dit-il sourdement. N'esperez pas, madame, echapper a
la sentence en me bercant d'un pueril espoir.
A ces mots, le cardinal fit un mouvement comme s'il allait appeler
le bourreau. Mais, en meme temps, Fausta se leva. Et elle marcha si
flamboyante dans sa serenite, si terrible dans sa majeste, que le
cardinal s'arreta et qu'une secrete horreur l'envahit tout a coup.
--Puisque votre rebellion vous damne, dit-elle glaciale, puisque
vous n'avez pas voulu que fut tente le miracle de joie, eh bien! que
s'accomplisse donc le miracle de desespoir, vivez avec celle qui est la
mort de votre ame!
--Que voulez-vous dire? balbutia Farnese.
--Cherche en toi-meme! Tu la crois morte depuis seize ans!... Regarde.
D'un geste rapide elle fit tomber le masque de Saizuma.
--Leonore! rugit Farnese en reculant, tandis que Saizuma s'avancait vers
lui.
--Qui donc a prononce mon nom? demanda la bohemienne.
Farnese livide, les yeux exorbites, se cacha le visage dans les mains.
Et, quand Saizuma fut tout pres de lui, il tomba a genoux.
La voix eclatante de Fausta s'eleva:
--Adieu, cardinal! Je te mets aujourd'hui aux prises avec Leonore de
Montaigues, ton amante!... Prends garde que je ne te mette, un jour, aux
prises avec le spectre de ta fille!...
Mais Farnese n'entendait pas. Il ne voyait que Saizuma... Leonore... le
spectre!...
Fausta s'etait dirigee vers la porte sans hater le pas. La, elle trouva
Claude qui attendait et qui, la voyant apparaitre, demeura stupide
d'etonnement. D'un bond, le bourreau penetra dans la salle, courut a
Farnese, et vit alors Saizuma qui se penchait sur le cardinal.
--La mere de Violetta!... murmura-t-il, petrifie.
Et Claude recula de quelques pas, effare, presque terrifie par cette
soudaine apparition de celle qu'il aurait du, jadis, par un matin
de novembre, executer sur la place de Greve. Alors, a l'attitude de
Farnese, de l'amant de Leonore, il comprit pourquoi Fausta avait pu
sortir si tranquillement de cette salle ou elle devait mourir. Sa haine,
qui, un moment, avait fait place a la stupefaction, lui revint plus
violente.
--Eh bien, murmura-t-il, je serai donc seul a executer cette femme!
Et il s'elanca au-dehors sur les traces de Fausta. Mais deja celle-ci
avait rejoint son escorte devant le grand porche du couvent. De loin,
Cla
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