gee vers l'extremite opposee de cette salle.
Elle prit place dans un vieux fauteuil et attendit. Claude avait touche
Farnese.
--Monseigneur, dit-il, elle est ici.
--Elle! qui elle? haleta Farnese en bondissant.
--Celle qui a tue votre fille, celle que nous avons condamnee, celle qui
va mourir... la voici.
--Ah! oui..., murmura-t-il, Fausta! Ce n'est que Fausta!
Il y avait un soulagement dans cette constatation.
--Bourreau, dit-il d'une voix tres calme, tu attendras dehors. Quand je
t'appellerai, tu executeras la sentence.
Claude s'inclina avec soumission. Et, etant sorti, il s'assit sur
le seuil de pierre. Farnese, pendant quelques instants, contempla
silencieusement Fausta.
--Madame, dit-il enfin, vous voila en mon pouvoir. Je dois vous prevenir
que j'ai l'intention de vous tuer comme on tue une bete feroce.
Qu'avez-vous a dire a cela?
--Cardinal, repondit Fausta, vous etes en etat de rebellion contre votre
souveraine. J'eusse pu, d'un mot, livrer le bourreau que vous m'avez
envoye. Mais j'ai voulu voir jusqu'ou irait votre audace. Et c'est
pourquoi je suis ici. Sachez-le, je sortirai de cette maison sans que
vous ayez touche un cheveu de ma tete.
Un instant, sous cette voix dominatrice, le cardinal faillit courber la
tete. Mais, se raidissant, il continua:
--Une seule chose au monde peut vous sauver. Lorsque je me suis traine a
vos pieds, lorsque je vous ai crie que cette pauvre innocente sacrifiee
a vos projets, c'etait ma fille... je croyais encore parler a la
Souveraine. J'ai vu alors qu'il n'y avait en vous que de l'audace, et
que cela seulement vous faisait forte. Pendant des annees, je vous ai
ete aveuglement devoue. Pour vous, je me suis fait criminel, croyant
agir pour le bien de la nouvelle Eglise. Et, lorsque je vous ai demande
ma fille, vous m'avez dit: "Elle est morte..." A ce moment-la, je vous
ai condamnee. Rien ne peut donc vous sauver aujourd'hui, a moins que
vous ne me prouviez que vous avez menti, et que ma fille n'est pas
morte!
Le cardinal fixa un ardent regard sur Fausta. Un dernier espoir le
faisait palpiter.
--Elle est morte, dit Fausta implacable. J'ai voulu savoir si, vous, mon
premier disciple, vous etiez assez degage des faiblesses humaines pour
sacrifier meme votre fille a la cause sacree pour laquelle vous deviez
devouer votre sang jusqu'a sa derniere goutte... Si je vous avais vu tel
que je vous esperais, Farnese... qui sait de quoi j'eusse ete capable,
et q
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